Le psycho-spirituel s’est infiltré depuis plus de vingt ans dans l’Eglise catholique.
Il s’agit d’une doctrine qui mêle des éléments de la Psychologie, superficiels, non validés par des experts, à des emprunts du Spirituel dénués d’exégèse, réinterprétés ou détournés.
Voici un exemple concret pour vous aider à le repérer.

 

L’homélie du « Jour du Seigneur »

 

https://www.lejourduseigneur.com/homelie/il-fallait-oser-messe-du-11-avril-2021-a-angers-2e-dimanche-de-paques/

 

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Une Analyse explicite

« Le jour du Seigneur » est complimenté sur les réseaux sociaux pour l’homélie de la messe télévisée du dimanche 11 avril 2021, à l’abbatiale St Serge d’Angers, par le frère dominicain Franck Dubois. Elle y est qualifiée de « Tellement de vie qu’elle sera contagieuse ». Et selon les données en ligne, c’est entre 550.000 et 1,7 million de spectateurs qui suivent la messe télévisée chaque dimanche, c’est dire l’incidence de cette homélie !

Or, elle pose problème… car même si elle fonctionne sur le plan oral comme un assez bon « one man show religieux », non seulement elle passe à côté de l’enseignement du texte d’Evangile, mais surtout et c’est bien plus grave, elle véhicule, transmet les fondements de l’hérésie du Psycho-Spirituel.

En effet, sur un ton badin, un brin humoristique, et avec un vocabulaire qui se veut branché (« ce type » « une bande » « des courses ») nous découvrons la personnalité de Thomas. Il serait « serviable » « pratique » « concret » « direct ». Il n’a pas peur et a les pieds sur terre. Cette introduction correspond à une technique bien rodée : une approche psychologique de la situation, et une actualisation des faits qui éludent toute exégèse (aller faire les courses, pas sûr que pour un homme, il y a 2000 ans, ce soit vrai), n’apportent rien sur le plan théologique mais ont pour but de favoriser l’adhésion de l’auditoire par les processus de projection. Au passage, notons combien cette technique désacralise la parole de Dieu…

Ensuite, tout pratiquant de longue date s’attend à entrer dans le vif du sujet, le fondement théologique de ce texte, à savoir la difficulté de croire, la Foi qui constitue une des trois vertus théologales, la différence entre une preuve et un signe, la confiance (synonyme du mot foi) qui vient du coeur et éclaire notre regard et nourrit nos vies… La Foi Pure (selon St Thomas d’Aquin)… Et il y aurait eu beaucoup à dire ! Que nenni …rien de tout cela ! C’est un glissement théologique qui est proposé. Partant du mot « blessures » pris au sens médical, physique du terme et déployé jusqu’au plan psychologique. Le mot « blessures » devient central, or, il n’est pas dans Jean 20, 19-31 qui contient le terme de « marque » !

Ce changement dans le vocabulaire est significatif de l’hérésie du Psycho-Spirituel (un messianisme temporel selon lequel Dieu nous guérit de nos blessures car il nous veut heureux ici et maintenant, une déclinaison catho de la « religion du Bien-Être », qui mêle sans fondement sérieux, ni expertise validée, des éléments de la psychologie à des emprunts dévoyés à la théologie chrétienne, et qui est susceptible de provoquer un délabrement psychique grave voire même d’être utilisé à des fins sectaires.)

L’homélie démontre que si le Christ dévoile ses blessures, sa faiblesse, sa fragilité, c’est pour inviter Thomas et nous à sa suite, à oser faire de même. Nous sommes face à un dévoiement total du texte de Jean, parfaitement réussi en raison d’une actualisation du récit pour favoriser les phénomènes projectifs chez l’auditeur, du contournement total de la question théologique posée par le texte et d’un glissement lexical et sémantique pour appuyer une interprétation psychologisante de la Parole de Dieu. Ce qui est grave, ce n’est pas qu’une homélie comporte des erreurs, car cela peut arriver ! Ce qui est grave, c’est que ce soit l’homélie d’un frère Dominicain reconnu, enseignant, prédicateur, maître des novices du couvent de Strasbourg. Ce qui est grave, c’est que ce soit l’homélie de la messe télévisée du 2eme dimanche du temps Pascal … Ce qui est très grave, c’est qu’elle n’ait pas fait réagir une horde de prêtres, religieux, évêques ! Car « errare humanum est, perseverare diabolicum ».

Alice Frangin

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