Le livre de Dom Dysmas de Lassus, Risques et dérives de la vie religieuse, paru aux Editions du Cerf en 2020, propose une réflexion pour prévenir les dérives qui peuvent avoir lieu dans la vie religieuse. L’Auteur pointe en particulier la question de l’exercice de l’autorité et celle de l’obéissance. C’est un supérieur qui parle pour aider des supérieurs, si l’on en croit la réflexion de Mgr Carbalos, secrétaire de la Congrégation romaine pour la vie consacrée : ce livre, dit-il dans la préface, peut être utile pour des visites canoniques.

 

Mais la réflexion conduite par le prieur de la Chartreuse conduit à se poser une question : son approche peut-elle aider des religieux, spécialement ceux qui débutent, à débusquer les dérives lorsqu’ils y sont affrontés ? Il semble que, pour lui, une connaissance claire de la théologie de la vie religieuse et le recours à des garde-fous institutionnels tels que le Code de Droit canonique, les chapitres et les visites canoniques, sont une solution pour prévenir les dérives.

 

Mais est-il allé au fond du problème ? Il ne semble pas, car les dérives, en réalité, ont leur racine en amont des communautés, à un niveau ecclésial. Or de cela, on ne prévient pas les religieux ; et leurs connaissances théologiques, aussi performantes soient-elles, ne leur permettront pas de comprendre où est le danger, à moins qu’ils y soient confrontés un jour. Mais alors, ils n’ont pas les moyens de le cerner et sont pris au dépourvu pour réagir. Ce constat a conduit sœur Marie-Ancilla à faire une réflexion théologique et spirituelle sur la racine profonde des dérives qui se sont multipliées depuis un demi-siècle dans la vie religieuse.

 

Elle a ainsi montré que la racine des dérives est le mensonge, aussi bien pour les dérives au niveau des mœurs que pour celles, connexes, concernant la doctrine et l’argent, même si le plus souvent elles sont passées sous silence. Le mensonge, en effet, occupe une place de choix dans notre société et il s’est introduit dans l’Eglise, avec l’effondrement massif de la morale. Un mensonge institutionnel s’est infiltré ensuite dans la vie religieuse, et cohabite avec une excellente formation théologique des supérieurs. Voilà pourquoi vouloir combattre les dérives avec le droit canonique et les visites canoniques paraît assez utopique.

 

Comme l’a écrit Soljenitsyne : « Plus le mensonge est monstrueux, plus probable il est que les gens vont le croire. » Mais il ajoutait que si chacun refusait absolument de mentir une seule fois, le système soviétique exploserait. On pourrait plagier ; si tous les religieux étaient fermement déterminés à ne pas mentir, le système ecclésial qui les enserre exploserait. Mais voilà… combien de religieux le font ? Et pourquoi n’osent-ils pas ? C’est ce que le livre de sœur Marie-Ancilla nous propose de découvrir.

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