Le livre de Dom Dysmas de Lassus, Risques et dérives de la vie religieuse, paru aux Editions du Cerf en 2020, propose une réflexion pour prévenir les dérives qui peuvent avoir lieu dans la vie religieuse. L’Auteur pointe en particulier la question de l’exercice de l’autorité et celle de l’obéissance. C’est un supérieur qui parle pour aider des supérieurs, si l’on en croit la réflexion de Mgr Carbalos, secrétaire de la Congrégation romaine pour la vie consacrée : ce livre, dit-il dans la préface, peut être utile pour des visites canoniques.

 

Mais la réflexion conduite par le prieur de la Chartreuse conduit à se poser une question : son approche peut-elle aider des religieux, spécialement ceux qui débutent, à débusquer les dérives lorsqu’ils y sont affrontés ? Il semble que, pour lui, une connaissance claire de la théologie de la vie religieuse et le recours à des garde-fous institutionnels tels que le Code de Droit canonique, les chapitres et les visites canoniques, sont une solution pour prévenir les dérives.

 

Mais est-il allé au fond du problème ? Il ne semble pas, car les dérives, en réalité, ont leur racine en amont des communautés, à un niveau ecclésial. Or de cela, on ne prévient pas les religieux ; et leurs connaissances théologiques, aussi performantes soient-elles, ne leur permettront pas de comprendre où est le danger, à moins qu’ils y soient confrontés un jour. Mais alors, ils n’ont pas les moyens de le cerner et sont pris au dépourvu pour réagir. Ce constat a conduit sœur Marie-Ancilla à faire une réflexion théologique et spirituelle sur la racine profonde des dérives qui se sont multipliées depuis un demi-siècle dans la vie religieuse.

 

Elle a ainsi montré que la racine des dérives est le mensonge, aussi bien pour les dérives au niveau des mœurs que pour celles, connexes, concernant la doctrine et l’argent, même si le plus souvent elles sont passées sous silence. Le mensonge, en effet, occupe une place de choix dans notre société et il s’est introduit dans l’Eglise, avec l’effondrement massif de la morale. Un mensonge institutionnel s’est infiltré ensuite dans la vie religieuse, et cohabite avec une excellente formation théologique des supérieurs. Voilà pourquoi vouloir combattre les dérives avec le droit canonique et les visites canoniques paraît assez utopique.

 

Comme l’a écrit Soljenitsyne : « Plus le mensonge est monstrueux, plus probable il est que les gens vont le croire. » Mais il ajoutait que si chacun refusait absolument de mentir une seule fois, le système soviétique exploserait. On pourrait plagier ; si tous les religieux étaient fermement déterminés à ne pas mentir, le système ecclésial qui les enserre exploserait. Mais voilà… combien de religieux le font ? Et pourquoi n’osent-ils pas ? C’est ce que le livre de sœur Marie-Ancilla nous propose de découvrir.

 

Comme toutes les idéologies, le psychospirituel recrute des jeunes et les formate. Pour cela il faut au nom de Dieu, tuer l’amour et en faire des insulaires. Sont utilisées des psychotechniques sectaires délabrantes pour les déraciner de leurs familles, griller leur histoire et  leur en implanter une autre. Ce qui génère beaucoup de souffrances. Ce lavage de cerveau fait d’eux les soumis sans âme de ce système.

 

Tous sont utilisés selon leurs capacités pour recruter et endoctriner de nouveaux adeptes. Chacun à sa place est un recruteur qui travaillera sans compter « pour Dieu » c’est-à-dire bénévolement, de fait et sans le savoir pour remplir les coffres-forts.

 

Il y a ceux qui triment sans compter dans l’ombre pour assurer le travail matériel et ceux, intellectuellement brillants et diplômés qui sont formatés pour devenir des gourous, des gourelles, des « formateurs » qui à leur tour, sous la tutelle de leurs « maîtres » sans conscience, formatent d’autres jeunes pour pérenniser le système.

 

Tous « revêtus » d’une apparence paisible, spirituelle très séductrice, sont intérieurement des êtres brisés par cette idéologie perverse qui détourne leur souffrance inhérente à l’emprise vers un bouc-émissaire : ils sont victimes de leurs familles nocives et sont là pour en « guérir », ce qui selon un doctrinaire du système peut durer la vie entière. C’est le dogme du système. Le prix à subir pour être « l’élite » de cette nouvelle religion galopante. 

 

 

Au nom de Dieu ? Au nom du mal ?

 

Confiant, au nom de Dieu, sans le savoir vous avez suivi le séducteur, celui qui vous a fait croire qu’il avait les clefs de la connaissance pour vous conduire au paradis. Il a ainsi pris la place de Dieu. Ses clefs ont fracturé  le sanctuaire de votre cœur. Il y a  pénétré. Il a farfouillé dans votre intimité, fabulé des « blessures » dont il a accusé vos proches ». Il vous a menti. Pour vous « guérir » il a tué l’amour et mis la haine dans votre cœur. Son « paradis » promis était à ce prix.

 

Ouvrez les yeux !

 

Qu’a-t-il fait de votre vie ? Une terre ravagée. Qu’avez-vous fait de vos proches, de votre famille, de ceux que vous aimiez ? Que de  mal vous leur avez fait ! Que de souffrances ! Au nom de Dieu ?  Non, au nom du séducteur, au nom du  mal : mensonges, division, calomnies, accusations et rejet de l’autre, haine.

Jusqu’où êtes-vous allé ? Jusqu’où vous êtes vous détruit dans ce mal ? Où irez-vous pour vous en délivrer ? Comment retrouverez-vous votre cœur de chair ? Votre cœur capable d’aimer ?

 

Souvenez-vous !

 

Il y a toujours une place vide dans votre famille : la vôtre. Elle vous attend depuis si longtemps…

 

Des communautés de laïcs déguisés en habit religieux

mais soumis par des « vœux religieux » à l’autorité d’un « berger » ( ?)

Des parents « communautaires » sous obéissance, avec leurs enfants :

Quid de leur autonomie financière ?  De leur vocation et de leur sacrement de mariage ? De leur autorité parentale ?

Quid des enfants vivants dans ces communautés ? Quel modèle parental pour se construire ?…

Quid pour les parents  de leurs relations avec leur famille ? Pour les enfants avec  leurs grands-parents ?

 

Le travail ? Comme chez les moines, bénévole…

La doctrine ? Un bon catho est un « catho blessé » :

– Une religiosité de « blessures-guérisons » qui biberonne les communautaires. 

– Un bricolage psychospirituel à l’enjeu majeur : pour rentrer au ciel guéri !

Ce à quoi s’emploient ces saintes communautés auprès des cathos lambda:

– des thérapies sauvages tarifées au nom du dieu guérisseur 

Un « bon catho blessé » est d’abord un portefeuille généreux…

Quid de la foi ? De la doctrine ? De la conversion ? De la Rédemption ?… Des finances ?

 

Avec la « bienveillance » de nos  évêques

La farandole prend de l’ampleur :

Les grands « guérisseurs » déplacent les foules : 

Une sainte imposition des mains sur les « fidèles » en transe et …

Le dieu guérisseur entre dans la danse, il est là :

– guérisons des maladies physiques, psychiques, « diaboliques » !

Des visions, des chants, des miracles à gogos ! ? Quid des preuves ?

Mais le saint « guérisseur » ne vit pas de l’air du temps. Ces « manifestations» bien orchestrées,  ne sont pas gratuites. Quid de ses finances ?

 

La farandole devient tornade autour de la fabrique de faux souvenirs.

Des apprentis-sorciers des « thérapies » divines, les pires !

Ceux qui fracassent les familles,

Piègent des jeunes pour leur bisness :

Au nom de leurs « ministères »( ?) auto-proclamés :

– « paroles de connaissance »

– « libération » des ancêtres

– « délivrance » du démon

 Pour « guérir » un jeune, nouvel Enfant-Jésus sans tâche, victime

– des « blessures » inflationnistes subies de ses  parents

– des ses ancêtres « nocifs »

Quid après un tel désastre ? 

 

Dans ce chaos, qui est à sa place hormis ceux qui tiennent la baguette et empochent les sous ?  Ne cherchez pas ! Leur grande farandole virevolte comme jamais dans  son tourbillon fou …

 

 

Qu’avez-vous fait de vos frères ?

 

De brillantissimes théoriciens du psychospirituel, se sont retourné la cervelle pour trouver leurs « blessures ». Une obsession dont ils ont fait une religiosité : le psychospirituel.

Se découvrir « victime », quelle aura ! Et combien nos évêques ont aimé ! Et de facto approuvé vu  l’importance de l’enjeu :

 

« Le chemin de la guérison demande la vie entière. (…) Oui, je m’engage dans une démarche de pardon mais je ne peux guère affirmer (…) que j’ai pardonné, ce serait une illusion. Non, notre but est simplement de mourir guéri, afin d’aller au ciel directement. » »

 

C’est non seulement délirant, infantile, mais intellectuellement malhonnête. Et jusqu’où vont les  conséquences de ces élucubrations : jusqu’à la dépression réelle qui est la conséquence directe des faux souvenirs induits qui ont délabré le psychisme. Conséquence prévisible car comment peut-on vivre équilibré dans un enfermement aussi réducteur avec pour seul but la recherche du paradis perdu ?

Mais n’est-ce pas aussi le bon moyen de garder des personnes sous emprise, et un fond de commerce très lucratif ? Car le « Dieu » de cette nouvelle religion charismatique a ses exigences :

 

« Pour découvrir réellement que Dieu est Père, qu’il m’enfante comme une Mère, il faut prendre conscience des blessures paternelles et maternelles, et de l’obstacle qu’elles représentent dans la découverte intime de la paternité de Dieu envers moi : la guérison intérieure consiste à parcourir ce chemin de retour au Père. » 

 

C’est par une « battue » assassine, dans  la fouille de chaque recoin passé au crible, que les « blessures » vont être révélées »… Le jeune, délabré en électron libre, les parents salis, rejetés, les ancêtres souillés, « exorcisés »,  la famille naufragée.

C’est ainsi que nos enfants ont été perdus dans les abysses de ce « chemin de retour vers le Père » …

Une vie à se regarder le nombril pour guérir des blessures subies… Où ces malheureux iront-ils guérir des blessures qu’ils ont faites aux autres ?

 

 

 

Il faut savoir que si le gourou se comporte comme un ado avec les jeunes qu’il cible, c’est qu’il n’est pas « fini ». Il a raté déjà à l’âge de la maternelle, la marche qui apprend à mettre des limites à la toute-puissance. Dans son corps d’adulte, même brillant intellectuellement voire bourré de diplômes qui en jettent plein la vue, affectivement, il n’est qu’un « vieux » enfant raté et despotique qui, pour vivre a besoin de soumettre les autres, les détruire, en faire des clônes. Il choisit ses proies et jette son filet :

 

– Séduire un jeune en se couplant à son langage, à son vocabulaire, à ses expressions, à ses histoires, jusqu’à l’intime

– S’infiltrer en fraude, sournoisement, dans son vécu, se l’accaparer, l’éparpiller et le réinterpréter.

– En lui parlant habilement de foi, de Dieu, le déstructurer pierre par pierre avec des moyens psychologiques déviants,  jusqu’à toucher à son identité et le délabrer

– Enfin devenir maître des lieux jusqu’au cœur de sa vie, se l’accaparer, l’isoler, et détruire ses liens familiaux

– Faire du jeune un petit Narcisse à son image, victime de ce monde d’adultes, dont il se sent exclu et qu’il veut dominer.

 

Le but du gourou est atteint lorsqu’il a réduit en cendres la vie de ce jeune, son histoire, son avenir et emplanté l’histoire frauduleuse, échafaudée pour le faire « renaître » dans le monde inhumain du dieu guérisseur  où il sera réduit à un objet utilisable et corvéable à souhait. Pour terminer jetable…

 

 

https://www.ccmm.asso.fr/questions-autour-du-pere-james-manjackal-et-de-ses-soutiens-catholiques/

 

Questions autour du Père James Manjackal et de ses soutiens catholiques

13 Juil 2018 | Abus de faiblesse, Religions |

 

Le père James Manjackal n’est pas connu de monsieur tout le monde en France.

On cherchera en vain des articles ou des interviews dans les médias classiques ou la presse catholique : toute sa publicité est faite par les groupes du Renouveau charismatique, des réseaux plutôt traditionalistes voire royalistes et des sites internet spécifiques au discernement incertain  (1). Pourtant lors de ses tournées internationales d’ « évangélisation », il s’arrête régulièrement en France et draine des foules conséquentes (les comptes rendus parlent de milliers de personnes et les photos montrent des églises ou des salles bondées). Sa prochaine retraite française est prévue à Chaumont en Haute-Marne, les 6,7,8 juillet 2018.

 

Selon son portail officiel (2),  la « congrégation des Missionnaires de Saint François de  Sales l’a détaché pour le service de l’Eglise Universelle » et selon des tracts récents « le 10 février 2016. Il a été choisi par le Pape François pour être Missionnaire de la Miséricorde Divine. » (3)

 

 

De fait, La réputation de ce prêtre d’origine indienne est surtout assurée par ses dons supposés de guérison. Dans une thèse universitaire de 2007, son auteure, Justine Louis, décrit la prestation du père Manjackal à Lourdes en 2005 :

 

 « [J. Louis :] Après ces instants de silence, le Père James commença alors à énoncer une liste interminable de prénoms, correspondant chacun à une personne présente dans l’assemblée qui venait d’être guérie. Aucune maladie n’a apparemment été oubliée : des problèmes de diabète, d’hypertension, de cholestérol, de constipation, d’insomnie, d’arthrite, de rhumatisme, des maux de ventre, mais aussi toutes sortes de cancers, d’hépatites et même des paralysies [P. Manjackal] : « Le Seigneur est en train de guérir une personne en fauteuil roulant, il [le Seigneur] lui dit :  » Lève-toi et marche !  » ».  [J. Louis :] Malheureusement personne ne s’est levé… ».  (4)

 

Le témoignage donné par Joss, administrateur d’un forum catholique (5), est encore plus cruel :

«[P. Manjackal:] le Seigneur me dit que :

10 scléroses en plaques sont guéries,
5 cancer de ceci sont guéris,
10 cancer de cella sont guéris,
10 ceci
9 cela
….. et tutti quanti……

 

[Joss : ]Devant une telle avalanche de « guérisons », je me suis retournée étonnée. De toute évidence, le nombre de guérisons égalait, voir dépassait le nombre de personnes présentes.
A croire que tout le monde était atteint de maladie grave sans le savoir… mais cela excitait la salle chauffée à blanc
[…] Mon amie en stade de cancer terminal, indienne comme le père MANJACKAL, s’était trainée jusqu’à Lourdes dans l’espoir d’approcher ce prêtre. Son état faisait peine à voir (pas besoin de charismes particulier pour voir que sa vie touchait à sa fin). Un soir, alors que le planning permettait de s’entretenir ou se confesser à lui, on poussa son fauteuil roulant jusqu’à lui ; mais accaparé par des participants admiratifs et virevoltants, il n’abaissa pas le regard vers mon amie.
Elle mourut trois mois plus tard. »

 

Dans son approche de la guérison, le père Manjackal accorde un intérêt plus particulier à la « guérison intérieure » et à la « guérison des arbres généalogiques ».  Dans une vidéo de la retraite de 2011 à Lyon (7), on peut entendre :

 

«  [ traducteur à  côté de Manjackal : ] Ecoutez :

·         avez-vous un complexe d’infériorité ? […] des sentiments de culpabilité ? […]

·         Êtes-vous triste ou dépressif ?

·         Avez-vous des phobies ou des manies ?

·         Avez-vous des obsessions ?

·         Avez-vous une maladie psychosomatique ?

·         […]

·         Avez-vous des terreurs ?

·         Etes-vous anxieux ou anxieuse ?

·         Avez-vous des tentations de suicide ?

·         Etes-vous nerveux, nerveuse même, même un petit peu ?

·         Vous lamentez-vous sur votre sort ?

·         Avez-vous un comportement sexuel anormal  ( tel que la masturbation, l’homosexualité, la [?], l’exhibitionnisme etc … )?

·         souffrez-vous de dépendances (à l’alcool, la drogue, la cigarette ou d’autres?)

·         souffrez-vous d’une crise d’identité ?

·         Avez-vous l’habitude de trop manger ?

·         Souffrez-vous d’insomnies ?

·         [… ]

Fermez-vos yeux. »

 

Ce genre de  questionnaire a-t-il vraiment sa place dans une retraite catholique ? N’est-ce pas plutôt du ressort  du médecin ou d’un psychothérapeute reconnu ? Un psy sérieux  éviterait probablement ce genre de suggestions aussi insistantes,  qui rappellent les pires prestations d’ agapéthérapies de la Communauté des Béatitudes, du Puy-en-Velay ou d’ailleurs. Et, pour qui cherche à s’informer, il est difficile d’ignorer que les pratiques psycho-spirituelles de guérison intérieure  ont généré et génèrent encore  beaucoup de drames et de plaintes en France, comme ailleurs dans le monde catholique ou protestant (6).

 

La « guérison de l’arbre généalogique  par l’offrande eucharistique », quant à elle, a fait l’objet d’une note doctrinale de l’église (8), que le père Manjackal ne semble pas vouloir prendre en compte. Cette note précise : « L’approche dite de Guérison des racines familiales par l’eucharistie est, du point de vue scientifique de la psychologie, à très haut risque ».  Notre prêtre guérisseur, lui, considère que :

« [P. Manjackal:] Dans toutes ces critiques j’ai relevé une forte attitude anti-charismatique, spécialement envers le don de guérison. Comme aucun de ces détracteurs n’a jamais rapporté une expérience de guérison d’arbre généalogique, je doute de leur crédibilité en la matière. » (9)

 

James Manjackal a également un avis très particulier sur l’homéopathie et son influence diabolique présumée. Sur la page de son site internet consacrée à l’homéopathie (10), on apprend que les traitements homéopathiques provoqueraient des « bâillements durant la prière », « de mauvaises idées et surtout immorales », qu’ils empêcheraient de « prier en langues » …

 

Sur la même page, on apprend également que le père Manjackal  n’hésite pas à demander aux personnes qui s’adressent à lui « d’arrêter [leurs] médicaments » quand il s’agit de prescriptions homéopathiques. Est-il médecin autorisé à diagnostiquer et prescrire ?

 

Le père Manjackal tient des propos encore plus tranchés sur l’homosexualité qui est, selon lui, une « perversion » et, plus grave, une cause de la pédophilie :

« [P. Manjackal : ] Le taux de pédophilie par les homosexuels est plus important  que tout autre dans la société. (11) »

Ces jugements vont à rebours de l’opinion scientifique actuelle, relèvent de l’ homophobie  et constituent une manière cavalière d’aborder la prévention de la pédophilie. Ils le situent encore une fois dans ces mouvances fondamentalistes qui veulent « guérir » l’homosexualité par des pratiques psycho-spirituelles dangereuses.

 

L’image et les droits de la femme chez Manjackal ne paraissent pas très progressistes non plus. Le compte-rendu de  la retraite de janvier 2018 en Martinique rapporte :

« Père James nous rappelle que les vêtements sont faits pour couvrir notre corps et non le contraire : [P. Manjackal:] « s’il vous plait mesdames, habillez-vous correctement, ne soyez pas cause de péché qui conduise les hommes en enfer. » » (12)

Tous ces voyages  à travers le monde coûtent bien sûr un peu d’argent.

C’est probablement pourquoi, en plus du prix des inscriptions aux retraites, on trouve des corbeilles dans les lieux de rassemblements et des appels aux dons sur le site officiel du P Manjackal.

 

Une page de son site explique :

« Tous les cadeaux, rémunérations ou dons qu’il reçoit sont envoyés à la Province pour les diverses œuvres caritatives. […] Tout ce qu’il possède comme argent est confié à deux sociétés caritatives : Shalom en Espagne et Jesus for India à Munich. » (13)

Très bien, mais comment alors comprendre la page « Aide le P. James pour le traitement »(14) ? Des précisions sont visiblement données ailleurs, sur des sites amis :

« [P. Manjackal :] Maintenant, je suis dans un hôpital en Autriche pour un traitement afin de guérir et me rétablir complètement. J’ai précédemment été hospitalisé dans deux hôpitaux.

Le traitement est très onéreux et je n’ai pas d’assurance et il est difficile de faire face aux dépenses.

Je serais heureux si vous pouviez m’aider financièrement pour payer mes factures d’hôpital. Que Dieu vous bénisse pour votre générosité (Lc 6, 38).

Je vous promets mes prières et bénédictions ainsi que sur vos familles.

[…] Ci-dessous je vous donne les coordonnées de mon compte bancaire

Fundacion Shalom – Fr. James

IBAN: […] » (15)

 

Ce grand guérisseur  charismatique a été bien malade, a eu besoin de soins coûteux dans un bon hopital autrichien et fait appel à ses « amis » pour une facture de 700 000 euros (16). Soit, mais tout ça est-il bien transparent pour tout un chacun ? N’y a-t-il pas là, au minimum, un peu de confusion comptable ?

Au final, pourquoi donc ce prêtre bien  particulier est-il régulièrement accueilli par un certain nombre d’évêques français au risque de contestations prévisibles,  alors qu’il semble que d’autres évêques s’abstiennent prudemment ? Certains, comme Mgr Barbarin, Mgr Aillet,  sont même venus assister aux célébrations du père Manjackal et échanger  leurs bénédictions.

 

Est-ce en soutenant pareils  discours et pratiques que l’église catholique d’aujourd’hui compte regagner la confiance des fidèles  et un minimum  de considération de l’opinion publique  ?

 

Et est-ce ainsi qu’elle entend aider et accompagner sérieusement   les femmes et les hommes en souffrance ?

 

source : GOLIAS par Patrick Morin du Centre Contre les Manipulations Mentales

(1) https://myriamir.wordpress.com/tag/informations-concernant-la-prochaine-retraite-du-pere-james-manjackal-a-nevers/

https://www.parvis.ch/fr/conferences-infos/conferences-infos

 

http://nouveauroidefrance.forumactif.org/t400-messages-prophetiques-donnes-au-pere-james-manjackal

(2) www.jmanjackal.net/fra/frabiogr.htm

(3) https://www.nievre.catholique.fr/wp-content/uploads/2017/06/P%C3%A8re-Manjackal.pdf

(4) http://paroisse.aixlesbains.free.fr/public/pdf/TheseJustineLouis2004-2007.pdf  (page 182 )

(5) http://marthetmarie.lifediscussion.net/t272p25-les-evangeliques-pentecotistes

(6) https://www.ccmm.asso.fr/produit/detournement-de-meninges-le-livre-noir-de-lemprise-psycho-spirituelle/

Victim’s of Johnson’s Sozo Ministry Speak Out

(7) https://www.youtube.com/watch?v=3h4B9tucsZo (à la fin de l’enregistrement, vers 1h15mn )

(8) https://www.patriziacattaneo.com/lang2/files/note_guerison_arbre_genealogique.pdf

(9) http://www.jmanjackal.net/fra/fratree.htm

http://www.jmanjackal.net/eng/engdeeds.htm  [Family tree healing Masses (30 Masses).]

(10) http://www.jmanjackal.net/fra/frahomeo.htm

(11) http://www.jmanjackal.net/fra/frapaed.htm

(12)https://myriamir.wordpress.com/2018/02/11/compte-rendu-par-gisele-bomal-de-la-retraite-du-pere-james-manjackal-a-la-ferme-perrine-en-martinique-au-lamentin-qui-a-eu-lieu-du-11-au-14-janvier-2018-sur-le-theme-si-tu-crois/

(13) http://www.jmanjackal.net/fra/fraworks.htm

(14) http://www.jmanjackal.net/deu/deutreat.htm

(15) https://myriamir.wordpress.com/tag/lettre-du-pere-james-manjackal-nous-demande-de-laide-dans-sa-maladie/

(16) https://magazinelavoixdedieu.wordpress

 

 

Source:https://www.ladepeche.fr/article/2018/11/25/2913137-1000-personnes-carmaux-ecouter-pretre-pratiques-controversees.html

Publié le 25/11/2018 à 08:53

 

1000 personnes à Carmaux pour écouter un prêtre aux pratiques controversées

 

La ferveur des adeptes du père Manjackal est indéniable./ Photo DDM, M-P. V.

 

Prêtre phare du Renouveau charismatique, James Manjackal mène jusqu’à ce soir sa 3e session d’évangélisation, en quelques années, à Carmaux. Ses fidèles et Infos sectes ont deux lectures radicalement différentes de son discours.

 

Le père James Manjackal devrait être remboursé par la sécurité sociale. Enfin, si l’on en croit ses adeptes venus de toute la France pour suivre son «enseignement» pendant trois jours à Carmaux. Perspective de guérison physique et/ou spirituelle, voilà les deux «promesses» qui draineraient de plus en plus de monde vers le mouvement charismatique dont le père Manjackal est l’une des incarnations dans le monde entier depuis plus de quarante ans.

 

«Alléluia, je suis guérie !»

«Il m’est arrivé un événement grave à 36-37 ans», commence Patricia, venue de Dordogne. «Moi, j’étais atteinte depuis 7 ans d’une fibromyalgie sévère avec une arthropathie œdémateuse», poursuit Mariane, dont le sourire lumineux ne laisse deviner aucune souffrance. Et pour cause. «Une amie qui suit le père Manjackal depuis 2002 m’a dit en 2016, tu devrais venir à sa retraite spirituelle à Carmaux. Tu seras guérie. Je me suis inscrite en pensant rester qu’un jour sur les trois. Et j’ai été guérie dès le premier jour, pendant la messe, à l’exposition du Saint Sacrement. Le père Manjackal nous a dit de fermer les yeux, de prier, et de poser les mains sur l’endroit où on avait mal. J’ai mis ma main sur ma cuisse droite qui m’empêchait de marcher. Et puis le père a dit, Sylvie, tu es guérie. Marguerite, tu es guérie… J’ai commencé à pleurer. On m’a dit plus tard que c’était des larmes de délivrance. Et juste après, il a dit Mariane, tu es guérie. D’un seul coup, j’ai senti quelque chose dans ma cuisse. Ma main était brûlante. Je me suis mise à genoux et j’ai dit : Allélouia, je suis guérie ! J’étais venue avec une canne et je suis repartie sans. Amen ! (…). C’est un miracle. Dimanche soir, il y aura d’autres témoignages comme le mien.» François, qui dit avoir été «guéri plusieurs fois», s’approche pour modérer l’enthousiasme de sa coreligionnaire. «Ce ne sont pas des miracles (1), mais des grâces du ciel !»

 

«Pour moi, c’est un miracle», rétorque aussitôt Mariane. En confiance, d’autres adeptes évoquent d’autres guérisons attribuées au père Manjackal : de scléroses en plaques, de Parkinson, de cancers, de maladies orphelines…

De quoi étonner les plus cartésiens. Mariane tempère : «Mais le père nous dit de ne pas arrêter notre traitement, même si on est guéri. Il n’y a que le médecin qui peut nous dire d’arrêter. Moi, je prenais 22 cachets par jour, plus de la morphine. J’ai mis 2 ans à me sevrer.»

14 heures, vendredi ! La pause repas est terminée. Le père Manjackal revient dans la salle François-Mitterrand. Poussé sur son fauteuil roulant, il s’arrête devant des malades au premier rang. D’autres s’approchent et se mettent à genoux avec piété, attendant que le prêtre les bénisse. Puis, il se lève et monte les marches jusqu’à la scène d’où il va diriger les «chants de louanges».

 

«La parole de Dieu par la voix du père Manjackal»

«Ils ouvrent le cœur pour écouter la parole de Dieu par la voix du père Manjackal», traduit une fidèle.

Maryvonne, qui s’est mise subitement à parler anglais couramment après avoir prié (et s’occupe accessoirement de collecter les frais d’inscription pour le compte de l’association qui organise l’événement), prend soin de préciser : «Son enseignement colle à ce que dit la Bible et au catéchisme de l’Église catholique.» C’est sans doute pour cela que Mgr Legrez (2) a accepté de célébrer la messe en lien avec le prêtre indien, hier matin à Carmaux.

 

Son prédécesseur l’aurait-il fait ? Pas certain. En 2007, Mgr Carré avait signé une note doctrinale considérant que la guérison des racines familiales par l’eucharistie était, «du point de vue scientifique de la psychologie, à très haut risque». Or, cette guérison de l’arbre généalogique est largement prônée par James Manjackal, par exemple pour guérir l’homosexualité.

 

«Dans l’Évangile, l’homosexualité, c’est un pêché», assure d’ailleurs une fidèle. Dans quel évangile c’est écrit en revanche, elle n’en sait rien. Pour elle, l’essentiel, c’est d’amener de nouveaux fidèles à l’Eglise.

«Beaucoup arrivent chez nous par curiosité, parce qu’ils ont des problèmes, mais avec une toute petite foi. Et ils repartent transformés. C’est là qu’on parle de conversion», explique Jocelyne. «C’est ce qu’on appelle les guérisons spirituelles», poursuit Mariane. D’une certaine manière, c’est ce qu’a connu Patricia qui a commencé à prier quand son mari a eu un cancer. «Mais à l’église, on ne parle pas tellement de l’esprit saint. Ce n‘est qu’avec le père Manjackal que j’ai commencé à ressentir la force de l’esprit saint.»

 

Pour autant, Patricia est lucide. «Chez nous en Dordogne, le mouvement charismatique ne prend pas tellement. Chanter, prier, tomber à l’imposition des mains (3), ça ne plaît pas à tout le monde. Il y en a qui n’aiment pas du tout, même dans le catholicisme.»

Alors vous imaginez chez les athées, ou tout simplement les laïcs qui s’inquiètent des dérives sectaires.

Simone, porte-parole d’Infos sectes Midi-Pyrénées, s’interroge surtout sur la «caution morale apportée par l’église au sens large à ces pratiques de pseudo-guérison». Et de conclure : «Le père Manjackal est-il médecin ? À ma connaissance, non !»

 

(1) En février 2018, l’Eglise catholique n’avait reconnu que 70 miracles dans le monde, exclusivement pour des guérisons inexpliquées de maladies incurables.

(2) Sollicité par le biais du service de communication du diocèse d’Albi pour expliquer les raisons de sa présence à Carmaux, Mgr Legrez ne nous a pas rappelé.

(2) Les adeptes appellent cet état de transe dans lequel ils disent avoir un sentiment de paix, « le repos de l’esprit ».

 

3 questions à Patrick Morin, Collectif CCMM des victimes et familles de victimes de l’emprise psycho spirituelle

 

Pourquoi dénoncez-vous les agissements du père Manjackal ?

Je suis sensibilisé à cela parce que j’ai des personnes dans mon entourage qui sont concernées. Personnellement, j’ai été élevé dans le catholicisme. Des personnes de mon entourage se sont rapprochées du mouvement des Béatitudes. Elles faisaient des retraites spirituelles et revenaient avec des idées bizarres. Dans ces retraites, il y est prôné des méthodes de guérisons intérieures.

 

Quels problèmes soulèvent les méthodes de ce prêtre ?

Il a notamment une lecture radicale des textes sacrés. Il évoque aussi la guérison des arbres généalogiques comme quoi aujourd’hui nous serions comptables des erreurs de nos ancêtres. Il a également des propos problématiques sur la question de l’homéopathie, du yoga et de l’homosexualité.

 

Quels sont ces propos ?

Il défend l’idée, dans des discours en libre lecture sur son site, que l’homéopathie ne sert à rien, qu’il faut même cesser ses traitements, que cela empêche une bonne pratique religieuse. Même chose pour le yoga. Concernant l’homosexualité, il parle de thérapies de conversion.

 

Le chiffre : 27

euros > Frais d’inscription à la retraite de 3 jours. Avec 1 000 personnes, cela donne un chiffre d’affaires de 27 000 euros (sachant que l’entrée est gratuite pour les prêtres, diacres, religieux et religieuses), plus les bénéfices du merchandising (vente de livres, chapelets, café…). La location de la salle a coûté quant à elle 3 300 € à «Fontaine d’eau vive», l’association catholique organisatrice de la retraite, soit 3 000 € plus 300 € de charges (eau, électricité). Bénéfice minimal de la retraite donc, 24 000 €.

 

Propos recueillis par A. M.