Extrait de l’homélie du dimanche 26 Août 2018, Jean 6, 60-69

 

         La prédication du Christ est rude et beaucoup l’ont quitté nous dit l’évangéliste. Nous voici, comme les disciples, mis en face d’un choix et d’un choix personnel : ou quitter, ou marcher avec Jésus.

         Où en suis-je de ma foi ? La foi, nous dit d’abord Jésus, c’est un don de Dieu : «Nul ne peut venir à moi si mon Père ne l’attire». L’Esprit seul peut nous permettre d’aller à Dieu. Est-ce que cela veut dire que certains sont choisis et d’autres pas ? Je ne le pense pas. Cela veut dire que Dieu, dans son immense amour, nous appelle tous, nous fait à tous le don de la foi.  Mais nous, qu’en faisons nous ? « Où es tu » nous dit Dieu ? Comme il l’a dit jadis à Adam et Eve au jardin d’Éden. Et il le dit aujourd’hui à chaque être humain … car Il appelle à vivre toujours dans la responsabilité humaine, jamais dans la servilité !

        Jésus dit une deuxième chose : la Foi, c’est un geste libre, une démarche libre et personnelle de chacun de nous. Et cette démarche ne se situe pas au niveau du raisonnement. La démarche de la foi, c’est «marcher avec par Amour.». Vous avez entendu comment le Christ laisse libre ses amis. Il sait que l’un d’eux va le trahir. Il sait que certains refusent de croire. Il y en a qui ne sont pas capables de faire la démarche, peut-être parce qu’ils réalisent ce qu’il en coûte. Jésus se contente de mettre chacun en face du choix qu’il a à faire. Il ne force pas, il cherche à éclairer les consciences !

Je veux m’arrêter là, car cette liberté du Chrétien par amour est essentielle à la crédibilité de la démarche de foi.

         Comme vous, j’imagine, je suis effrayé par le scandale pédophile qui traverse l’institution cléricale à travers le monde. Et peut être encore plus par le cléricalisme dénoncé par le pape François dans une lettre ouverte au peuple de Dieu que je vous conseille de lire. Elle est sur le site de la paroisse. Ce cléricalisme  qui a permis pendant des décennies à des évêques et des prêtres d’ignorer le scandale et de compter pour quantité négligeable les enfants victimes, en croyant défendre l’Église !  Avec le pape Benoit, nous pouvons avoir ce sentiment d’horreur en partageant sa prière qu’il a prononcé lors d’un chemin de croix Romain : « Que de souillures dans l’Église, et particulièrement parmi ceux qui, dans le sacerdoce, devraient lui appartenir totalement ! Combien d’orgueil et d’autosuffisance ! Seigneur, sauve-nous (cf. Mt 8, 25)».  Avec le pape François, nous savons que Le cléricalisme, c’est à dire l’esprit de corps dévoyé et qui peut englober aussi les laïcs,  ne peut pas se substituer au critère évangélique. La vérité vous rendra libre nous dit saint Jean. Car Jésus n’est pas une espèce de «gourou» qui contraindrait par des gestes extraordinaires ou des pratiques manipulatrices ses disciples à marcher avec lui. Il n’invite pas les disciples à faire pression sur les membres de la communauté afin qu’ils lui restent fidèle.  Il ne cherche pas à scénariser les guérisons ni d’en faire des spectacles édifiants pour que le monde croie ! Il ne créait pas de chaudes ambiances favorisant la chaleur communicative en créant un conditionnement favorable pour les apprentis sorciers qui confondent spiritualité et psychologie. Certaines veillées de prières ou  session de guérisons sont dangereuses car ces pratiques psycho-spirituelles sont parfois manipulatrices. Je connais plusieurs parents chrétiens dont les enfants ont fréquenté ces groupes et qui stupéfaits ont vu leurs enfants prenant prétexte de leur engagement religieux, s’éloigner d’eux, puis se couper de leurs relations parentales avant de les accuser de toutes sortes de turpitudes. Un processus classique de manipulation mentale et de dérive sectaire. Les parents se trouvent confrontés à un mur institutionnel, les responsables ecclésiaux semblant ne pas s’en émouvoir. Ils ont oublié le commandement de Dieu, « respecte ton père et ta mère ». Il y a des passivités qui sont coupables … Ce que le pape François essaie de faire pour la tolérance zéro de la pédophilie dans l’église, nous devons y prendre aussi notre part lorsque nous constatons des défaillances coupables et criminels de groupes, de prêtres ou des laïcs manipulateurs. Jésus, veut absolument avoir à faire à des hommes et femme libres, debout, qui prennent leur décision par eux-mêmes, personnellement. C’est pourquoi il leur dit : «Attention ! Vous, qu’est-ce que vous faites ? Vous voulez me quitter ? D’accord. Vous le pouvez». Et c’est la réponse de Pierre : «A qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle». Pierre et les autres vont faire une démarche d’hommes libres, une démarche qui les engage.  «Croire, c’est marcher-avec par Amour et pour l’Amour ». Je crois que c’est une démarche amoureuse. Que ce soit un coup de foudre ou une longue fréquentation, il y a toujours à l’origine de la démarche un désir. Et le désir pousse à se rapprocher de l’autre, jusqu’au point où l’on se donne totalement à l’autre. C’est ce que Jésus dit quand il parle de «manger sa chair».    .

            Concrètement, cela veut dire que si notre foi ne ressemble pas à une faim, à une soif de la rencontre amoureuse avec Dieu comme avec une personne aimée, fréquentée, ce n’est pas la foi. Cela vaut le coup que chacun s’examine et se demande où il en est. Cela ne veut pas dire que cette approche amoureuse va détruire, ou même reléguer au dernier plan toutes nos relations humaines. Au contraire. Nos amours humaines, nos relations multiples vont en être valorisées, parce qu’elles se retrouveront à leur vraie place. Mais c’est le Christ qui va faire référence dans nos vies, tout va s’harmoniser autour de lui. C’est cela, avoir la Vie. Aussi, j’ai envie de vous dire, comme le psaume1: « Il faut sur ton chemin choisir, La vie ou la mort ». Dieu et non les idoles. »

 

P. Luc Jourdan, église Saint Vincent à Castelnau le Lez.

 

 

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