Nous vous invitons à lire l’introduction du livre de Sœur Marie-Ancilla, livre que vous trouverez à télécharger gratuitement sur la page d’accueil de notre site.

 

Sœur Marie-Ancilla, o.p.

Foi et guérison

Points de repère chrétiens

 

Introduction

 

Un constat s’impose aujourd’hui : la vie spirituelle de beaucoup de chrétiens est malade ; leurs repères, comme en bien d’autres domaines, ont disparu. La maladie en cause constitue une véritable épidémie qui pénètre partout, y compris dans la clôture des monastères. Cette maladie est liée à un désir désordonné de guérison.

 

Le fr. Philippe Verdin, o.p., s’étonne de ce que les prêtres et les évêques restent généralement indifférents à la quête de guérison qui mobilise les foules. Il s’étonne de leur ignorance concernant les livres de Simone Pacot. Ne faudrait-il plutôt dire qu’ils restent fidèles à la tradition catholique en matière de vie spirituelle ? Ils manquent aussi probablement de temps pour lire cette littérature déviante…

 

Pour ma part, j’ai fait une option un peu particulière : j’ai lu bon nombre d’ouvrages représentatifs des nouveaux courants spirituels qui se disent chrétiens[1], pour essayer de répondre à deux questions : qu’est-ce qu’ils peuvent avoir d’attirant ? et pourquoi est-il si difficile aux chrétiens de voir l’ambiguïté des démarches proposées ? Ces livres constituent donc la trame de fond de mon travail. Les thèmes qui en émergent seront étudiés au fil des chapitres.

 

Il s’imposait de commencer par les blessures, puisque ce sont elles qui sont à la une des préoccupations actuelles. Le problème de la guérison va de pair avec elles ; il fera donc l’objet du deuxième chapitre : qu’entend-on au juste par guérison ? Remarquons que « guérison » est associé à la suppression de la souffrance. Puisque la foi nous dit que le Christ nous a rachetés, libérés, il n’y a qu’un pas à faire pour dire qu’il est venu pour nous libérer de la souffrance, de nos entraves psychologiques. Il faudra donc examiner la portée de cette affirmation.

 

La guérison conduit à prendre en compte deux points importants pour la vie spirituelle : Comment situer le souci de soi et l’amour de soi ? Le souci de soi est-il compatible avec l’oubli de soi ? Comment aimer Dieu, et son prochain comme soi-même si l’on ne s’aime pas ? Cet amour de soi étant malade, comment le guérir ? Quelle place occupe cette démarche ? Ceci nous conduira à évoquer la nécessité d’une étape thérapeutique, propédeutique en quelque sorte, de la vie spirituelle.

 

Avec le sixième chapitre, nous reviendrons sur la blessure, non plus pour chercher à la guérir, mais pour nous demander si elle ne pourrait pas constituer réellement un chemin vers Dieu. Autre question : l’équivalence entre guérison psychologique et chemin vers Dieu va-t-elle de soi ? Je propose une voie possible qui revient à aborder l’étape thérapeutique sous un autre angle.

 

Nous avons parlé précédemment de la libération de la souffrance. Cette libération serait-elle le tout de la liberté ? Qu’est-ce que la liberté ?

 

Présenter la blessure comme chemin vers Dieu ne suffit pas pour présenter le chemin spirituel. Or pour beaucoup aujourd’hui, le chemin spirituel est identique au chemin « psyrituel », pour utiliser un néologisme significatif. Sur quoi se fonde-t-on pour opérer cette identification ? Et qu’appelle-t-on d’ailleurs chemin spirituel ? Les Pères du désert nous aideront à en percevoir la dimension spécifique. Et comment établir un « diagnostic différentiel » — médecine oblige — avec le chemin psyrituel ? Ce sera l’occasion de parler de l’affectivité. Car quelle affectivité prend-on en compte aujourd’hui ?

 

On ne s’engage pas seul sur un chemin, on a besoin d’un guide, d’un accompagnateur, pour ne pas risquer de s’égarer. Mais quel type d’accompagnement choisir ? Le même accompagnateur peut-il s’occuper du psychisme et du spirituel ? Sinon, comment articuler les deux accompagnements ?

 

Tous les chapitres évoqués jusqu’à présent abordent des questions concernant tout chrétien désireux d’approfondir sa vie spirituelle. Mais il existe d’autres étapes, dont les divers mystiques chrétiennes ont abondamment parlé, et il n’y aurait pas à revenir dessus si de nouvelles théories n’avaient vu le jour, pour lesquelles la mystique est le b a ba de la vie chrétienne. L’angoisse est même, pour certains, la porte d’entrée de cette nouvelle forme de mystique qu’ils appellent psycho-mystique. Que penser de cette démocratisation de la mystique ?

 

Un dernier chapitre situera la dimension ecclésiale de la vie spirituelle. Quel est notre lien avec l’Eglise ? Recul ? Fusion ? ou incorporation, selon la riche doctrine augustinienne du Corps du Christ ?

 

Le lecteur aura déjà pressenti que toutes ces questions ont vu le jour dans un contexte où règne la confusion. Quels registres sont touchés ? La question méritera qu’on s’y arrête.

 

Au terme du parcours, il ne restera plus qu’à récapituler les critères fondamentaux qui servent à discerner s’il y a ou non vie spirituelle chrétienne. Quelques-uns, aujourd’hui laissés dans l’ombre — pour ne pas dire oubliés — seront développés.

 

Une annexe présente l’analyse des principaux livres utilisés pour ce travail.

 

Avant d’entrer dans le vif du sujet, je tiens à ce qu’il soit bien clair qu’il ne s’agit pas de faire de la polémique ou de juger qui que ce soit. Je voudrais marcher dans le sillage d’Augustin qui écrivait à un confrère évêque qu’il ne pouvait approuver sa doctrine — en l’occurrence croire que Dieu avait un corps —, mais qu’il tenait à garder la charité à son égard. Et serait-ce de l’utopie de croire qu’un dialogue pourrait être possible ?

 

Les pages qui suivent répondent à une quête de vérité. Veritas n’est-elle pas une des devises de l’Ordre des Prêcheurs ?

 

[1] Je ne prends pas en compte les courants syncrétistes comme celui de Jean-Yves Leloup.

 

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