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Dans le  BLOC NOTES  de La Vie, paru le 29 septembre 2016, sous la plume de Jean Claude Guillebaud  qui présente le livre d’Isabelle de Gaulwynn :

« Pédophilie : un si long silence »

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Nous avons été interpelés par la justesse de ses propos. Nous en reprenons quelques uns :

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« Parlons net : voilà bien longtemps que je n’avais pas été captivé, remué, troublé par un livre. Par la probité et le courage de sa démarche, notre consoeur Isabelle de Gaulwynn, rédactrice en chef adjointe de La Croix, force l’admiration. Dans l’Histoire d’un silence (au Seuil), (…)

Dans les années 1970, Isabelle a fait partie d’une troupe de scouts de la paroisse Saint-Luc, à Sainte Foy-les-Lyons, que dirigeait un prêtre hors du commun Bernard Preynat. (…) A l’époque, la petite Isabelle est fascinée par ce prêtre «  un peu « tradi » avec un côté militaire » (…)

 Les parents de la paroisse, tranquillisés, savent que leurs enfants sont occupés, éduqués, catéchisés ; « Nous étions heureux écrit-elle ». Quarante trois ans plus tard, en octobre 2015, l’un de ses confrères de La Croix, lui parle d’un communiqué du diocèse de Lyon : plusieurs plaintes ont été déposées contre un prêtre, aumônier d’une troupe de  scouts. Isabelle comprend qu’il s’agit du Père Bernard Preynat  et le dit aussitôt à son confrère. Celui-ci tombe des nues. Elle était donc au courant ?

Oui et non. Oui, car une dizaine d’années auparavant, elle avait parlé au cardinal Barbarin des confidences reçues d’un autre prêtre âgé. (…) Non, car que sait-on vraiment quand on a dix ans ?

En 2004, après en avoir parlé au cardinal Barbarin, elle ne fait plus rien. (…)Elle pense que le prêtre pédophile croupit quelque part en prison. Quand elle apprend que ce n’est pas le cas, elle est prise de vertige. Elle parle de « sidération ». Comment a-t-elle pu se taire ? Quels mécanismes ont joué en elle ? Elle se sent coupable.

Nous aussi ! Parce que souvent lesdits mécanismes ont joué pour nous. Crainte de fragiliser l’Eglise ? Refus de céder à la dramatisation ? Peurs de relayer des rumeurs sur des faits prescrits ? Ce tourment ne va plus la quitter. Des mois durant, elle tentera d’y voir plus clair et mènera une enquête minutieuse mais respectueuse. Elle rencontre d’anciennes victimes, retrouve des mères de scouts que ces crimes ont brisées. Elle mesure la responsabilité de l’Eglise dans cette tragédie. Se taire ? Pas question ?

Cette plongée intrépide dans les tréfonds catholiques invite chacun de nous à ouvrir les yeux. Oui, c’est un grand livre et bouleversant.

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Cet article est bouleversant. Merci à Isabelle de Gaulwynn pour son livre. Elle  a eu ce courage qui devrait être exemplaire pour d’autres. Elle aurait pu, se taire, elle aussi, comme le font les responsables ecclésiaux. Elle démontre que choisir la vérité, c’est faire la lumière, c’est se libérer et libérer les autres. On imagine sa rencontre des mères de victimes…

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Le journaliste pose la question :

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Comment a-t-elle pu se taire ? Quels mécanismes ont joué en elle ? Elle se sent coupable. Nous aussi.  

Il en apporte la réponse : « Crainte de fragiliser l’Eglise ? Refus de céder à la dramatisation ? Peurs de relayer des rumeurs sur des faits prescrits ? ».   

Combien de personnes sont muettes encore aujourd’hui et scellent de tels secrets ?  Pour ces raisons là et bien d’autres que leur ont données  les responsables ecclésiaux  auprès desquels elles se sont confiées. Elles sont de la sorte, on ne peut dire malgré elles, complices du mal. 

Voir notre article : Malheur à celui par qui le scandale arrive

 

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Si tous ceux qui savent parlaient, nous aidaient, nos enfants seraient libérés, nos familles détruites dans l’Eglise et, à cause de son silence par l’Eglise, auraient pu toutes être sauvées.

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