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Une blessure vivait tranquille, avec ses copines,  au fond d’un inconscient. Elles étaient toutes paisiblement bien rangées dans un grenier, plein de poussière et de toiles d’araignées.

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Survint un gourou qui décida que les pauvres blessures, devaient guérir. Il fit un bazar pas possible dans ce coin tranquille. La poussière vola, les araignées affolées couraient de partout. Il réveilla les blessures à coup de mots, encore des mots, assénés à coup de hache, elles saignaient abondamment, et plus elles saignaient, plus le gourou frappait. Les mots devinrent des maux qui déclenchèrent des douleurs, des hallucinations qui devinrent  des drames. Toutes les blessures hurlaient qu’on les laissât tranquilles.

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L’inconscient réveillé s’agitait de partout. Le grenier en était si secoué que les murs de la maison en tremblaient, les fondements bougeaient. L’édifice était menacé. Les blessures devaient partir avant que tout ne s’écroule.

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C’est à ce moment là que le gourou disparut, abandonnant les blessures saignantes et l’inconscient agressif. Il laissa derrière lui une ordonnance de guérison : « vous voyez bien, vieilles blessures que vous êtes néfastes. » Croyez en moi. Venez me voir et je vous amènerai à une nouvelle vie, une vie digne de vous, ce grenier ne pouvait vous convenir…

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Les blessures prirent la route, en rêvant à une vie plus belle …Dans un grenier de château ?    Elles arrivèrent en piteux état chez le gourou. Il les délesta de près de 1000 Euros à chacune, elles étaient plus légères pour guérir, et il commença la thérapie par des prières…puis il trifouilla dans les blessures, encore des douleurs, des hémorragies auxquelles répondaient des prières… Pendant plusieurs jours. Chaque jour de nouvelles blessures envahissaient leurs plaies béantes. Sans pitié, le gourou continuait son travail salvateur. L’inconscient avait perdu toute agressivité, il était en bouillie. Un processus normal pour renaitre en «Dieu ».  Sauf que l’inconscient ne connait pas « Dieu »… Peu importe, puisque « Dieu » est intime avec le gourou … Ils ne font qu’un. Après cette préparation faite de larmes et de douleurs, le jour de  la « renaissance »  arrive. Un grand jour. Dans la chapelle, les blessures sont placées dans une corbeille, sur l’autel. Le gourou les fait flamber. Elles entrent enfin dans ce monde du « Dieu » de l’indifférence, où l’amour ne blesse plus puisqu’il n’y a plus d’amour, plus personne. Le vide.

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Après cette fabuleuse renaissance, elles prennent la route du retour, d’un pas appesanti. Arrivées devant leur maison, le désastre : un tas de ruines. Elles trouvent refuge sous un petit appentis. Il y fait froid. Elles ont faim, elles pleurent. L’inconscient est parti chez les fous,  elles sont seules.  Leurs nuits sont hantées des pires cauchemars. Elles comptent leurs sous, et décident de repartir chez le gourou … Lui seul peut les guérir.

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