.
Le journal La Croix du 9 décembre 2017, publie un article intitulé :
« Pourquoi vouloir « guérir » son âme ? »
https://www.la-croix.com/Journal/Guerir-ame-2017-12-09-1100898135
.
A l’occasion d’un colloque organisé ce week-end sur la délivrance, « La Croix » examine à quel besoin répondent les sessions dites de « guérison intérieure ».
.
– Un article d’actualité puisque Le Chemin Neuf organisait un colloque Délivrance au Cénacle de Tigery du 7 au 10 déc. 2017.
A la lecture de cet article un décryptage s’impose pas à pas :
.
« Guérir » son âme
.
Mélinée Le Priol , le 09/12/2017 à 6h00
« Le nombre de sessions de guérison spirituelle organisées par l’Église catholique s’est multiplié ces dernières années. À quel besoin répondent ces sessions dites de «guérison intérieure»? Une enquête de Mélinée Le Priol. Publié le 8 décembre 2017. »
.
– Depuis de nombreuses années se pratiquent dans l’Eglise des sessions de guérison, non spirituelle mais psycho-spirituelle dont la nocivité a été démontrée. Elles se camouflent depuis sous couvert de « guérison intérieure » et de bien d’autres appellations.
Mais que ce soit le titre « Guérir son âme » ou « guérison intérieure », à part la réalité de ce qu’en a prouvé notre travail, leurs prétendues définitions entortillées entre le psychologique et le spirituel, ne sont que du flou artistique bien entretenu.
.
« …Comme l’ensemble des 80 participants annuels à Siloé, Sabine a dû rédiger une lettre de motivation détaillant les raisons de sa venue. «La particularité de ces retraites, c’est de visiter les fragilités et les blessures, explique le père Pierre-Louis Tulasne, chargé de ces sessions. Certains participants arrivent avec une histoire personnelle très lourde, d’autres avec un blocage plus ponctuel.» Son «blocage», Sabine l’a dépassé grâce à l’accompagnement individuel proposé durant ces sessions… »
.
– Une lettre de motivations est demandée. Nous avions déjà réagit car dans certaines sessions, la personne devait répondre à des questions très intrusives. Est-ce normal de se livrer à une ou des personnes que l’on ne connait pas, sans savoir comment seront utilisées ces informations ? C’est une démarche qui déjà engage une personne. Considérant cet aspect, est-ce que ces renseignements ne seraient pas la source des paroles dites de connaissance ?
Si l’on s’en tient au titre de l’article « Guérir les maladies de l’âme », on est dans le registre spirituel. Quelles sont les maladies de l’âme, comment en guérit-on ? Qui guérit ? Avec quelles compétences ? Or, on nous dit que « La particularité de ces retraites, c’est de visiter les fragilités et les blessures » ce qui relève du psychisme. Toujours les mêmes pratiques psycho-spirituelles déviantes …
.
« … Les sessions du cycle Siloé ont lieu près de Grenoble ou près de Paris. C’est là, à Tigery (Essonne), dans un ancien château trônant au cœur d’un parc, que Sabine a vécu les moments qui ont conduit à sa « libération ».
.
– Il faudrait que soit définie cette dite libération, ses raisons, sa théologie et ses méthodes et donner les références ad hoc de ceux qui la pratiquent. Jusqu’ici, seul l’ICCRS (le Renouveau charismatique international à Rome) en donne sa « théologie ». Non avalisée officiellement par la Congrégation de la Doctrine de la Foi.
.
« C’est aussi là que le Chemin-Neuf organise ce week-end un colloque sur la délivrance (1). Cinq cents participants sont attendus et deux évêques seront présents, dont Mgr Hervé Gosselin, évêque d’Angoulême et ancien médecin. « Les thèmes de la guérison et de la délivrance, très bibliques, sont loin d’être une nouveauté dans l’histoire de l’Église, rappelle-t-il. Mais le Renouveau charismatique (courant spirituel apparu il y a cinquante ans, NDLR.) joue aujourd’hui un rôle de moteur dans ce domaine. »
.
– Cinq cents participants. Il s’agit donc d’une foule. Avec la présence de deux évêques dont l’un trouve ces pratiques « bibliques » ! Ce qu’il devrait nous démontrer théologiquement et fondamentalement. Ce qui est vrai c’est que le renouveau charismatique transfuge du Nouvel Âge, passé par les évangéliques américains, en est non seulement le moteur, mais le promoteur. On voit d’ailleurs surgir de partout des méga-rassemblements qui en appellent à un Jésus guérisseur, à l’identique des rassemblements évangéliques.
.
« Outre le Chemin-Neuf, des communautés et associations comme les Béatitudes, la Famille de Saint-Joseph, le Puits de Jacob, la Maison de Lazare ou encore Bethasda proposent ce type de retraite depuis une trentaine d’années, et certaines affichent une liste d’attente de plusieurs mois. Comment expliquer leur succès, notamment auprès d’un public non pratiquant ?… »
.
– Quelle incohérence ! On nous dit « Outre le Chemin-Neuf, des communautés et associations comme les Béatitudes, la Famille de Saint-Joseph, le Puits de Jacob, la Maison de Lazare ou encore Bethasda proposent ce type de retraite depuis une trentaine d’années » Ce qui prouve que les « guérisons de l’âme » sont le rhabillage des vieilles lunes psycho-spirituelles de ces premières communautés charismatiques adeptes des « guérisons » en tout genre. Les Béatitudes pour exemple s’y sont effondrées à cause de leurs dérives connues de tous, et Rome leur interdit de pratiquer du psycho-spirituel… Après tant de dégâts dénoncés qui ont fait la une des médias, parler de leur succès, est un défi à l’intelligence et à la raison.
.
« …De nos jours, la notion de victime est plus populaire que celle de pécheur, avance le père Gueullette. Mais il faut savoir reconnaître que l’on a aussi été l’auteur de blessures pour les autres et que le mal que l’on subit ne vient pas uniquement de l’extérieur. »
.
– Pour cette phrase on ne peut que remercier le Père Gueullete. Cependant, il faudrait en appliquer le sain principe. Il faut que ces communautés qui ont fait de nos enfants les victimes de leurs parents et les évêques qui les ont laissé faire, assument leurs responsabilités pleines et entières et réparent les dégâts. C’est pour quand ??
.
« Par ailleurs, pour Magali Raoul, médecin et sœur consacrée au Chemin-Neuf, qui interviendra lors du colloque, le but de ces sessions est moins de guérir pour se sentir mieux que pour être à même de suivre le Christ. « La mission du Chemin-Neuf est de former des disciples : or Dieu veut des disciples réconciliés avec eux-mêmes et leur histoire », affirme-t-elle. « Réconcilié », « libéré », « relevé », « unifié », « restauré »
.
– Guérir pour suivre le Christ est une grande nouveauté. Et une grande prétention ! Quid des infirmes, handicapés, malades, qui dans l’histoire de l’Eglise sont devenus des saints ? Le but de la foi, n’est pas de guérir son ego dans des introspections foireuses, mais d’apprendre à aimer « comme le Christ nous a aimés » selon St Jean, chapitre 15, 9-17. Un chemin de conversion pas de prétendue guérison. Si besoin est de « guérir », il y a des psychiatres compétents pour cela. Qui prétend que « Dieu veut des disciples réconciliés avec eux-mêmes et leur histoire » ? Ce sont ces discours qui permettent à des soi-disant thérapeutes de fracturer le vécu d’une famille, au nom de Dieu, pour y imposer des théories fallacieuses qui « revisitent la vie » en cinq jours. En revanche le fondement de la foi est dans les vertus théologales de foi, d’espérance et de charité que nous ne trouvons pas dans ces théories narcissiques enracinées dans l’orgueil.
.
« …Certains anciens participants affirment toutefois avoir été victimes d’abus spirituels et de manipulations et reprochent aux évêques de ne pas avoir davantage encadré la tenue de ces retraites. Face à une demande croissante de « délivrances » dans les diocèses, l’Église de France, s’empare d’ailleurs peu à peu du sujet et pose des cadres, comme Mgr Luc Crépy au Puy-en-Velay avec les sessions Agapè. »
.
– Il ya un nombre incalculable de victimes. C’est un fait reconnu dans le rapport de la CEF de 2011, sur « le psychologique et le spirituel ». Il ne s’agit pas que « d’anciens participants » comme l’article voudrait le faire croire. Non ! Les mêmes causes produisant les mêmes effets, au fil des années les victimes sont de plus en plus nombreuses et de plus en plus abîmées. Oui ! Les évêques en sont pleinement responsables pour en être très bien informés depuis presque vingt ans. L’aval qu’ils donnent aujourd’hui à ces sessions est une nouvelle provocation pour les familles en souffrance et le signe du plus profond mépris à leur égard. Est-ce la manière dont l’Eglise de France « s’empare du sujet » ?
Mgr Crépy, au Puy, a mis le théoricien nocif de l’Agapè, membre des Béatitudes, à la porte de son diocèse. Son souci est de remettre en route l’Agapè nouvelle version, peu lui importe les victimes laissées au bord de la route … Il faut dire que toutes ces sessions remplissent les caisses…
A noter que si un théoricien-gourou n’est plus persona grata dans son diocèse, il va en toute tranquillité exercer ses talents dans d’autres diocèses. On déplace le problème. C’est dire la cohérence et l’inconscience de l’épiscopat !
.
« Mgr Gosselin attend du colloque de ce week-end qu’il aboutisse à « des orientations pastorales », comme le développement de formations pour les équipes diocésaines concernées. »
.
– L’épiscopat fait ce qu’il veut de ses orientations pastorales. Peu nous importe. En revanche nous lui suggérons pour sa session doctrinale de mois de février de bien réfléchir au problème des victimes à régler… En urgence.
Dans le journal La Croix vendu en kiosque, l’encart du Père Michelin, qui a participé à l’élaboration du rapport de la CEF, sur le psychologique et le spirituel est plutôt critique, cependant nous reprenons ce passage qui nous interpelle :
« … A l’époque, mais bien des choses ont évolué depuis, nous avions remarqué des confusions, parfois sérieuses, dans les méthodes utilisées par certaines de ces sessions. Par exemple une certaine conception de l’amour parental, qui ne semble pas en conformité avec le message évangélique ; imparfait, cet amour parental provoquerait chez l’enfant une blessure originelle, source de toutes les autres difficultés. Pour pouvoir guérir, il faudrait se la remémorer. D’où l’utilité de procédés psychologiques inadaptés. Des procédés puissants dont les professionnels de la psychothérapie font usage dans certains cas avec beaucoup de précautions et sur un temps long. Mais le mélange des genres est objectivement dangereux. »
.
– Hélas, le Père Michelin devrait s’informer de l’évolution de ces sessions dont il a très justement analysé les méfaits dans le rapport. Pour prendre la mesure de son ampleur et de ses dégâts aujourd’hui, nous lui suggérons une visite de notre site.
Vous pouvez prendre connaissance du rapport
Et lire l’intervention du Père Michelin en page 29
.
Pour conclure
.
Le rapport sur le psychologique et le spirituel, rendu par la commission de la CEF, est un document de référence. Nous y lisons en page 7 :
« Nombre de personnes ou familles ont été victimes de ces « sessions de guérisons intérieures », ou de « prières de guérison », menées sans discernement et aboutissant parfois à des ruptures entre conjoints ou entre parents et enfants. Certaines familles ont pris consciences de ces dérives et ont demandée à des responsables ecclésiaux d’intervenir. Leurs dossiers sont consistants et factuels. Ils n’ont à ce jour trouvé aucune réponse satisfaisante. Ces familles ont alors fait appel aux pouvoirs publics, à la Miviludes (Mission Interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), si bien que des enquêtes sont en cours. Des articles, émissions de télévision et de radio seraient prévues pour les mois à venir. Ces familles sont en attente d’une position claire des autorités ecclésiales. Elles demandent que leurs proches, dont la mémoire est maintenant habitée par de faux souvenirs induits, puissent être écoutés par des personnes compétentes pour tenter de réparer les préjudices moraux et parfois financiers occasionnés par ces dérives. »
.
Ce rapport est sorti en 2011.
Depuis non seulement l’épiscopat n’a jamais aidé les familles et les victimes, non seulement il les a rejetés comme des « encombrants »
mais maintenant il promeut et protège ces sessions dont il a dénoncé la nocivité.
Parce qu’aujourd’hui, en 2017, comme il y a des années, des jeunes se font piéger dans ces sessions et brisent leurs liens familiaux,
des parents ont décidé d’ouvrir ce site et d’agir.
.