L’impact des « grands témoins »
Les jeunes sont ciblés très tôt. Dans les aumôneries d’écoles cathos, plutôt « bobos », il faut le dire, on invite de « grand témoins » charismatiques. On est « ouvert ». Sont invités à venir d’anciens taulards convertis, d’anciens flambeurs, des cabossés de la misère, dont la vie relève de faits divers bien éloignés du milieu familial de ces jeunes. C’est donc le « grand frisson ». Précisons bien pour éviter tout procès d’intention, que nous n’avons aucun jugement à porter sur ces personnes que nous respectons et qui sont nos frères dans la foi. Nos grands parents nous disaient avec juste raison « à tout péché, à tout mal, miséricorde ».
Mais ces témoignages de ces vies plus que chaotiques, ont-t-ils de l’intérêt ? Faut-il s’exhiber pour témoigner ? Jeter en pâture malsaine ses turpitudes ? L’Evangile nous donne la réponse. L’Evangile de St Marc, chapitre 16, verset 9, nous dit «… ressuscité le matin, le premier jour de la semaine, Jésus apparut d’abord à Marie Madeleine, de laquelle il avait expulsé sept démons. ». Sept démons, c’était le pire ! C’est ce qu’il nous suffit de savoir. Et d’apprendre d’elle qu’elle a été pardonnée parce qu’elle a beaucoup aimé.
Vers où dirige-t-on le regard des jeunes vers celui qui pardonne où vers le cloaque du converti dont on n’a que faire ? On aimerait savoir ce que les parents pensent de ces témoignages exhibitionnistes qui n’annoncent que leurs auteurs. Les aumôneries d’étudiants ont droit aux mêmes méthodes qui ressemblent plus à de la télé-réalité qu’à la beauté de l’Evangile. Pour exemple, un seul prêtre, grand « blessé de la vie » et grand converti devant l’Eternel, formé à ces méthodes, qui manipule bien les réseaux sociaux comme les personnes, qui raconte sa vie avec des détails dont on se passerait, jeune, brillant, très séducteur, fait « un tabac » ! A voir son blog, il a toute une cour.
C’est une catéchèse de « vedettes » qui séduisent des jeunes et les captent. C’est un chemin qui peut facilement déraper
La prudence rappelle que séduction rime avec réduction. Un prêtre, qui se veut le copain des adolescents et se comporte comme eux, est immature. Lorsqu’il évangélise selon ses méthodes fondées sur son histoire personnelle, il attire un jeune dans l’expérience de sa propre vie et il se donne en exemple. Le jeune est réduit à devenir son miroir. Un prêtre doit être un guide, un conseiller, pour cela il est à l’écoute du jeune, c’est le vécu de ce jeune qui est premier. Un prêtre n’a pas à étaler sa vie.
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Les écoles d’évangélisation
Parlons maintenant des « écoles d’évangélisation » charismatiques qui fleurissent un peu partout. Les jeunes stoppent leurs études pour cela, souvent sans l’accord des parents, pour y « donner » un an ou deux. C’est bien connu, nos ados sont généreux, enthousiastes, ils aiment les grandes causes, le plein vent, faire sauter les carcans.
Séduits par ce temps passé au service de l’Eglise, de Dieu, pour soi-disant discerner leur avenir et évangéliser, les voilà partis. Ils sont beaux et rayonnants. Ils vont témoigner à leur tour non de leur cocon familial sans intérêt pour la cause, mais de leurs « misères » familiales, fabriquées selon la « relecture » charismatique de leur vie, leur rencontre salvatrice du dieu de la communauté, prétendument catholique, et …recrutent d’autres jeunes. De la façon dont on procède dans les sectes..
Certains vont se retrouver à évangéliser dans les quartiers chauds où ils découvriront ce qu’ils n’imaginaient pas dans leur milieu familial qui a rempli son rôle en les protégeant. Mais aller dire « Jésus t’aime » aux personnes abîmées, cela n’a pas de prix sinon celui de l’inconscience. Ces jeunes ne sont pas à leur place. N’y a-t-il pas quelque chose de malsain à propulser ces jeunes adolescents dans ces bas-fond ? Il faudrait une sérieuse remise en cause du prétexte d’évangélisation, lorsqu’on entend les témoignages bien concrets des éducateurs de rue qui ne tiennent pas des années dans ce travail là, malgré leur solide formation.
C’est la nouvelle évangélisation qui fait très souvent appel au glauque, aux chemins chaotiques, aux conversions qui font recette. La vie discrète, humble et priante, de la sainte famille à Nazareth, n’aurait eu aucune chance là-dedans.
Quant à l’évangélisation, les écoles qui portent ce programme fonctionnent bien puisqu’à la fin de chaque promotion, des jeunes y « découvrent » leur vocation et partent faire nombre dans des communautés charismatiques pour la plupart.
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Une multitude de propositions pour les jeunes
Il y a aussi les temps forts de sessions de jeunes, dans des communautés charismatiques. Il suffit de surfer sur Internet pour voir une pléthore de propositions. Mais toutes ont les mêmes bases et les mêmes méthodes. Les plus nocives sont une relecture délabrante de la vie de ces ados, revue selon les faux souvenirs induits par le psycho-spirituel. Quant aux rassemblements qui regroupent des milliers de jeunes pour des messes, ils ressemblent plus à une rave party qu’à des Eucharistie. Son à fond, lumières laser fulgurantes, danses en transes et foule hurlante. Une nouvelle manière de prier ?
Le drame reste que c’est la religiosité du renouveau charismatique qui est déversée, pas celle de l’Eglise catholique. Ces jeunes de bonne foi, formatés dans ces « lieux d’Eglise », sans le savoir vont à leur tour faire des adeptes. C’est l’église de demain. A moins que ce Titanic qui n’a plus de maître à bord, ne heurte un iceberg…
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