Moi et mon droit

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Un article paru dans Famille Chrétienne, sous la plume d’un psychologue, en novembre 2006, et trouvé par hasard, nous semble emblématique du phénomène psycho-spirituel qui sévit aujourd’hui. Il a attiré notre attention, car il est le miroir de ceux qui sont sous emprise de cette religiosité. Un comportement qui peut faire d’une personne un insulaire et aller jusqu’à la rupture avec les proches.

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Voici l’article :

« Se poser sans s’imposer »

« Tu ne sais pas ou tu ne te permets pas, de partir, de quitter. Tu es à une réunion qui t’ennuie et tu attends la fin. Tu es invité à un dîner chez des amis et tu n’oses pas partir, alors que tu es fatigué. Tu es au téléphone, la conversation tourne en rond depuis une heure. Tu ne te donnes pas la permission d’interrompre l’entretien. Prends la liberté de mettre un terme à une communication quand elle n’est plus efficace ou devient désagréable ; d’arrêter une relation quand elle est insupportable. Tu le feras d’autant plus justement, sans être blessant, que tu t’en donneras le droit. Tu as le droit quand tu es invité de repartir à une certaine heure, parce que tu sais que ce sera mieux pour toi. Explique toi avec courtoisie, de façon unifiée, c’est-à-dire en plein accord avec toi-même, sans te justifier, ni te culpabiliser. Peut-être d’ailleurs cela arrangera-t-il tes hôtes qui, eux-mêmes, n’osent pas forcément te faire sentir qu’il est tard. Tu as le droit de quitter une situation quand une violence s’exerce contre toi. Pose bien la limite de ta tolérance. De même que tu n’as pas à envahir les autres, de même les autres n’ont pas à t’envahir. Prends de la distance, momentanément au moins, vis-à-vis des personnes qui, pour l’instant, t »empêchent de vivre ou ne te font pas de bien. Tout en les respectant, sache te protéger de l’intrusion, même de tes proches. Sache trier dans leurs exigences. Vois bien tes limites et explique-les calmement, sereinement. »

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La première partie de ce petit texte, donne des exemples  de situations qui arrivent quotidiennement et que le simple  bon sens et le savoir vivre nous permettent de régler selon le contexte du moment, très simplement. En quoi la personne est-elle menacée pour faire appel « au droit » ?

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Voyons la suite :

« Explique toi avec courtoisie, de façon unifiée, c’est-à-dire en plein accord avec toi-même sans te justifier ni te culpabiliser. »

Avec courtoisie ? Tu décides en plein accord avec toi-même ! Pour qui te prends-tu dans ce solo narcissique ? L’unification d’un être relève d’un processus humain, psychologique et spirituel autrement construit !

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« Poses bien les limites de ta tolérance. De même que tu n’as pas à envahir les autres, de même les autres n’ont pas à t’envahir »

Est-ce que les relations sont figées dans la dualité d’un envahissement ? Un danger dont il faut se protéger ? Des limites  « territoriales » à défendre ?

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«  Prends de la distance……vis-à-vis des personnes qui t’empêchent de vivre ou ne te font pas de bien. »

Dans des rapports aussi durs, le conseil de prendre de la distance est superflu. Qui aurait envie de t’approcher ? Tu devrais plutôt te demander : pourquoi tu ressens  l’autre comme t’empêchant de vivre. Où est le problème ?  Ton problème ?

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« Tout en les respectant, sache te protéger de l’intrusion de tes proches »

Quel respect y a-t-il lorsqu’on réduit les autres à des intrus ?

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« Sache trier dans leurs demandes et encore plus dans leurs exigences »

Trier en fonction de tes propres besoins, de la sauvegarde de ta tranquillité ? Que fais-tu de ce qu’ils vivent, de ce qu’ils sont, de leurs besoins, de l’amitié ou de l’amour qu’ils ont pour toi, de ce qu’ils sont eux aussi en droit d’attendre de toi ?

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« Vois bien tes limites et explique les calmement, sereinement »

Il semble que tes limites sont telles que personne ne peut les ignorer. Tu es devenu un individu enfermé dans le diktat de ton ego, incapable d’une relation normale et vraie à l’autre.

Mais attention, ne t’étonne plus alors si chacun se détourne de toi, évite ta compagnie et considère ta présence comme une corvée. A ce moment, là pose-toi plutôt la question : qu’ai-je à donner ? De quoi leur suis-je redevable ? Suis-je capable de remercier de ce que j’ai reçu ? Pourquoi ai-je une telle incapacité d’aimer ?

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En conclusion:

dans ce texte on observe à partir d’une confusion entre distance et indifférence, un individu qui est son centre et sa référence, en réaction à des relations supposées nocives pour lui. Pourquoi d’ailleurs seulement nocives ? Une justification qui l’autorise à gérer sa dite liberté dans la toute puissance au service de ses besoins. Son rapport à l’autre se réfléchit ou se refuse dans le seul choix du bien être que l’autre peut lui apporter ou des inconvénients qu’il suppose. L’autre est sous-tendu comme un danger dont son seul souci est de se protéger. L’indifférence est le mode d’existence certainement par peur de se livrer. L’amour est absent, tout comme le mot souffrance, même dans le vocabulaire. Nous sommes dans la misère humaine d’un insulaire, semble-t-il pétrifié dans la peur de l’autre, incapable de s’aventurer dans l’amour, se réfugiant de ce fait dans son « droit ». Une source de souffrance pour lui et pour les autres.  Dans ces conditions aucun être, aucune relation humaine ne peut se construire. Pire, sa vie peut devenir un enfer pour lui comme pour ses proches.

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C’est l’archétype des rapports sous emprise psycho-spirituelle

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