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Prière que vous trouverez, avec la note de la rédaction sur le site :
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« C’est parce qu’en vérité, nous sommes impardonnables, qu’il nous est si difficile de demander pardon à nos victimes. » Face aux affaires de pédophilie et d’abus sexuels qui entachent l’Église, la prière reste irremplaçable. Il ne faut pas l’oublier parallèlement aux nécessaires mesures temporelles qu’il convient de mettre en place. »
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Nous réagissons d’abord à l’introduction :
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– « C’est parce qu’en vérité, nous sommes impardonnables, qu’il nous est si difficile de demander pardon à nos victimes. »
« Être impardonnable » n’existe pas dans l’Évangile. C’est une offense à Dieu de le croire et une fausse justification de la faute sous couvert d’humilité.
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« Une affaire qui dépasse l’entendement » dit la rédaction. Nous ne pouvons qu’approuver. La pédophilie est qualifiée de crime. Cependant, ce qui dépasse l’entendement, c’est que pour faire éclater la vérité sur ce fléau, et obtenir justice, il faille arriver à ce que ce soient les médias qui débusquent les pédophiles dans l’Église. Un scandale dont l’Église est seule responsable par son silence coupable et inacceptable.
Bien que vous ayez le courage de poser des mots sur l’horreur de la situation qui est la vôtre, nous sommes choqués, Monseigneur, par votre prière. Elle est émouvante à une première lecture, mais, à l’analyse dévoile ses failles. Nous ne pouvons y adhérer et nous vous en disons les raisons en reprenant quelques passages de votre texte.
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– « Dieu notre Père,
Des profondeurs du piège où nous sommes tombés, nous crions vers Toi ! Ne nous abandonne pas, nous, ton clergé, dans cette épreuve. »
Vous avez abandonné les victimes piégées de la sorte dans leur souffrance. Votre épreuve n’est-elle pas le mal que vous avez dénié qui vous lie à elles tant que vous ne les aurez pas libérées ? Seule la vérité rend libre. C’est le cas pour les victimes tout autant que pour vous.
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– « Nous t’en prions, dis-nous comment nous pourrions bien être pardonnés. Et retrouver avec la paix du cœur, la confiance du monde. »
Vous connaissez parfaitement le chemin à faire : il ne suffit pas de prier pour être pardonné, la reconnaissance du tort causé, et la réparation sont conditions du pardon. Un chemin humain, spirituel, et non virtuel.
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– « Nous n’osons pas demander pardon à tous les humbles, tous les petits (…) à nos victimes. Et pas seulement les enfants, mais aussi les innombrables adultes (…) Ces hommes et ces femmes de bonne volonté qui mettaient toute leur confiance en nous, Comment serions-nous crédibles, en leur demandant pardon ? »
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Et oui, Monseigneur, se battre la coulpe ne suffit pas pour devenir crédible, il faut rejeter l’orgueil qui semble se camoufler derrière vos propos. Croyez-vous que vous restez crédible dans une pareille nasse, par la justification de votre prière ? L’urgence est-elle d’être crédible c’est-à-dire de sauver la face, ou de faire la vérité ? Avez-vous daigné rencontrer les victimes ? Sont-elles pour vous seulement des dossiers ? Des numéros ? Des matricules ? Où bien comme ce devrait l’être, des frères dans la foi ?
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– « C’est parce qu’en vérité, nous sommes impardonnables, Qu’il nous est si difficile de demander pardon à nos victimes ».
Se croire impardonnable est le pire des péchés d’orgueil. Vous devez le savoir, Monseigneur, puisque c’est désespérer de Dieu.
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Et paradoxalement vous continuez :
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« Mais Dieu de Miséricorde, Tu nous as promis que Toi, tu nous pardonnerais comme nous-mêmes nous aurons pardonné à ceux qui nous ont fait du mal. Pitié Seigneur, Père infiniment bon : à qui irions-nous pour trouver le pardon et la paix, sinon à Toi qui a envoyé l’Esprit saint pour la rémission des péchés ?
J’espère Seigneur, j’espère : près de Toi seul se trouve notre rachat. »
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Votre conclusion est de vous appuyer sur la certitude que Dieu vous pardonnera comme vous avez pardonné. C’est un peu léger. Il y a des conditions à cela que vous négligez. Vous restez libre de pardonner à ceux qui vous ont blessé, vous ne pouvez en revanche, vous pardonner de la sorte le mal que vous avez fait.
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Voici ce que dit St Jean-Paul II à ce sujet dans « Dives in misericordia, au ch. 14 » :
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« …Il est évident qu’une exigence aussi généreuse de pardon n’annule pas les exigences objectives de la justice. La justice bien comprise constitue pour ainsi dire le but du pardon. Dans aucun passage du message évangélique, le pardon, ni même la miséricorde qui en est la source, ne signifient indulgence envers le mal, envers le scandale, envers le tort causé ou les offenses. En chaque cas, la réparation du mal et du scandale, le dédommagement du tort causé, la satisfaction de l’offense sont conditions du pardon. »
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Et les victimes ? Leurs parents ? Leurs familles ? Qu’en faites-vous ? Dieu n’est pas le refuge du pardon virtuel. Vous, comme les autres responsables, aurez des comptes à rendre pour chacun de ceux qu’Il vous a confiés. Si ce sont vos frères, prouvez-le : prenez votre bâton de pasteur et allez à leur rencontre. Vous reconstruirez leur humanité blessée, la vôtre, et l’Église. Sinon comment pouvez-vous prêcher l’Amour de Dieu ?
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A votre avis, pourquoi la foi se perd-t-elle ? Dans une Église qui couvre tant de scandales, poser la question c’est déjà y répondre. Malgré cela, nous sommes prêts à dialoguer, dans l’exigence de la vérité et de la charité, avec vous. Il suffit de nous contacter.
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Vous recevrez ce billet d’humeur écrit par des parents catholiques qui ont subi le pire dans l’Église. Leurs enfants sont enchainés par l’emprise mentale psycho-spirituelle qui a brisé leurs liens familiaux et détruit leur humanité.
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