La résistance à la loi injuste.

 

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Avons-nous le devoir de résister ou de nous soumettre à la loi injuste ?

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Le Pape Pie XI, dans l’encyclique « Mit brennender Sorge » du 14 mars 1937 portant condamnation de l’hitlérisme et du totalitarisme, a pris position, en même temps qu’il a posé les limites de la soumission de l’individu « au bien commun » :

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« Tel est le fatal entraînement de nos temps, qu’il détache du fondement divin de la Rédemption, non seulement la morale, mais aussi le droit théorique et pratique. Nous pensons ici, en particulier, à ce qu’on appelle le droit naturel, inscrit de la même du Créateur sur les tables du cœur humain et que la saine raison peut y lire quand elle n’est pas aveuglée par le péché et la passion. C’est d’après les commandements de ce droit de nature, que tout droit positif, de quelque législateur qu’il vienne, peut être apprécié dans son contenu moral et, par là même, dans l’autorité qu’il a d’obliger en conscience.

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Des lois humaines qui sont en contradiction insoluble avec le Droit naturel sont marquées d’un vice originel qu’aucune contrainte, aucun déploiement extérieur de puissance, ne peut guérir…

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L’Homme, en tant que personne, possède des droits qu’il tient de Dieu et qui doivent demeurer vis-à-vis de la collectivité hors de toute atteinte qui tendrait à les nier, à les abolir ou à les négliger. Mépriser cette vérité, c’est oublier que le véritable bien commun est déterminé et reconnu, en dernière analyse, par la nature de l’homme, qui équilibre harmonieusement droits individuels et obligations sociales.

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Quelques jours plus tard, le 28 mars 1937, dans l’encyclique « Firmissimam constantiam », adressée aux évêques du Mexique, le Souverain Pontife réaffirme la légitimité de la résistance à la loi injuste :

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« Si ces pouvoirs (les pouvoirs constitués) attaquent ouvertement la justice et la vérité…on ne voit pas de motif à blâmer les citoyens qui se groupent pour leur défense…n’employant que les moyens licites et adaptés contre ceux qui abusent de l’autorité pour faire tort.

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Monseigneur Blanchet, recteur de l’Institut catholique de Paris, dans une allocution prononcée à la Sainte-Chapelle le 17 mai 1953, s’est exprimé comme suit :

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« Lorsqu’une règle imposée n’est que l’expression d’un intérêt particulier, intérêt d’homme, intérêt de classe, intérêt de parti, elle n’est plus qu’une forme inhumaine de l’oppression. C’est alors la force qui fait son œuvre sous le couvert de la légalité, et l’homme n’a pas à s’incliner devant la force quelle qu’elle soit, quelque visage qu’elle montre. »

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Dans une lettre adressée à M. Alain Barrière, président des semaines sociales en France, le pape Paul VI a précisé notamment que « l’Eglise nous rappelle l’origine divine de l’autorité et elle enseigne à ceux qui l’exercent que leur pouvoir est limité par les droits de la conscience et les exigences de l’ordre naturel voulu par Dieu ».

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