Les ruptures familiales

 

Lorsqu’un enfant quitte la maison familiale pour faire sa vie d’étudiant ou pour travailler, il prend son indépendance  sans rupture affective, sans rupture avec son milieu social, sans rupture avec ses amis. Sa vie continue. En revanche, trop souvent, dès son entrée en communauté charismatique le jeune va changer négativement. Les parents constatent chez lui une déstabilisation, un mal-être. Ils ne reconnaissent plus leur enfant. C’est lui apparemment, et c’est un tout autre, un étranger. Il argue maintes excuses pour ne pas venir les voir. Quand enfin, les parents, les frères et sœurs se font une joie de l’accueillir, Il ne s’intègre plus à la vie familiale.  Il va leur exprimer du mépris, de l’agressivité, du rejet. Il se place au dessus de ce qu’il manifeste être la banalité de leur vie. Chacun comprend  d’autant moins que leurs questions ne feront qu’empirer la situation.  A ce stade, ils ne le savent pas encore, mais il  subi le formatage d’une emprise sectaire.

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Les étapes de la déstabilisation :

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Le jeune qui rencontre le renouveau est aussitôt plongé dans la religiosité psycho-spirituelle qui va « revisiter l’histoire familiale ». Il est greffé dans une communauté qui a pris la place de sa famille. Pour cela, par des psychotechniques sectaires, on remplace son enfance par de faux souvenirs. Il est ainsi capté dans le cursus de « blessure-guérison » qui est le fondement faussement religieux de la communauté. Pour y vivre, il faut être « blessé ». C’est le ciment communautaire.  

 

Le premier effet en est sa déstabilisation puisqu’il « découvre » que son histoire familiale dans laquelle il s’enracine n’est pas celle qu’il croyait. Ce qui touche profondément à la question fondamentale : qui suis-je ? Il ne sait plus. Son avenir a basculé. Il est perdu…

 

Le second effet, par voie de conséquences en est la déstabilisation des membres de sa famille.

Plus personne n’est à sa place. La clé de communication est perdue. Les parents ne savent plus. Ils vont se poser mille questions, se culpabiliser. Ce qui ne change rien. Il leur faudra du temps pour comprendre que leur enfant est une marionnette dans les mains du gourou. Du temps pour prendre conscience que l’amour qu’il porte à leur enfant est dévoyé et utilisé contre eux par le même gourou.

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L’amour des parents dévoyé et utilisé par le gourou. 

 

Viendra le moment où les parents réagiront devant le naufrage de leur enfant et à l’agression qu’ils subissent. D’autant plus que le jeune déstabilisé,  est aussi  en difficultés. On ne renie pas ses parents, on ne coupe pas ses racines sans souffrance. C’est une phase qui pourrait mettre l’emprise en péril. Il faut donc maintenir le jeune sous les « thérapies » fallacieuses psycho-spirituelle pour l’isoler de ses parents. Bien pire, pour « guérir » de ses « blessures » imputées à ses parents « démontrés » nocifs, on va lui imposer de rompre ses liens avec eux dans des « prières de délivrance » qui sont des exorcismes sauvages d’une violence insoutenable.

Cela pourrait ne pas suffire. Donc l’argument de force est la parole d’Evangile maintes fois citée dans la Bible qui lui sera répété en leitmotiv  «  L’homme quittera son père et sa mère… » en omettant soigneusement la fin de la phrase «  et ils ne feront plus qu’une seule chair ».  Cette phrase concerne le mariage et ne suppose pas le rejet des parents, de son histoire, de sa vie. Elle démontre clairement comment se forme un couple. Cette phrase tronquée est dévoyée pour justifier la rupture du jeune avec sa famille.

C’est d’autant plus vrai que lorsque les parents se posent les bonnes questions et les répercutent aux responsables ecclésiaux, on les qualifiera de « parents fusionnels ». Un piètre argument. Il est facile de constater que par leur éducation, ils ont donné la liberté à leur enfant et que s’ils réagissent, c’est parce que d’autres la lui ont prise.

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La soumission  par le vœu abusif d’obéissance :

 

 Le jeune est soumis au responsable par des vœux religieux qui n’ont aucune raison d’être dans une communauté de laïcs. Il ne servent qu’à imposer la volonté du responsable à l’adepte. Mais dans une communauté religieuse où le voeu d’obéissance est licite, il peut être aussi utilisé abusivement.

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La  destruction : 

 

On dit bien au jeune que la famille, c’est sa communauté. Sa vie personnelle ne lui appartient plus elle est amalgamée au groupe communautaire. Donc pourquoi irait-il au baptême d’un neveu, assister un membre de sa famille malade, rencontrer ses frères et soeurs voire visiter les siens ?  Il n’est plus concerné. Dieu le veut à son service, particulièrement dans le travail qu’on exige de lui  pour la communauté.

Les parents imposeront parfois leur visite de quelques heures. Non sans difficulté : le jour, l’heure, ne doivent pas déranger la communauté. Quand enfin, ils peuvent rencontrer leur enfant, ce n’est pas simple. Les questions concernant la communauté sont à éviter pour ne pas avoir des retours d’agressivité. Ils parlent de la famille, des amis, donnent des nouvelles des uns et des autres, évoquent des souvenirs. Pour une heure ou deux, ils essaient d’intégrer leur enfant dans son vécu familial. Un danger vite écarté. Lorsque les parents seront partis le jeune devra rendre compte de son entretien avec eux. Au nom de l’obéissance. Ce qui est une violence faite à l’encontre tant du jeune que des parents. On imposera de plus en plus au jeune ce qu’il doit dire ou ne pas dire à ses parents. De telles manières que peu à peu toute relation sera impossible.

Parfois, cependant, le jeune sera autorisé à aller visiter brièvement ses parents. Mais cela n’est pas gratuit. Devant son dénuement, justifié par le vœu de pauvreté tout aussi abusif, ses parents vont pourvoir à ses besoins, Il repart avec des chaussures, des  vêtements neufs, des médicaments, souvent de l’argent. Autant que la communauté n’aura pas à débourser. Ce n’est pas pour cela qu’il donnera ensuite des nouvelles à ses parents. Tout est dû. Bien des parents se sont lassés d’être des distributeurs de billets de banque. Malheureusement, les parents qui ne donnent plus, n’existent plus. C’est d’autant plus facile que souvent, un jeune est envoyé dans une autre communauté, parfois à l’étranger,  sans que les parents en soient informés. Leur enfant n’est plus une personne, c’est un objet.

 

Conclusion

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Ce processus scandaleux d’utilisation de jeunes au seul profit d’une communauté s’apparent à un système esclavagiste. Ce processus de destruction des liens familiaux brièvement résumé ici, est inhumain, porté par une violence insoutenable. Il s’apparente à une idéologie totalitaire. Cela  doit être dénoncé avec force.

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