SOS. Ego en déroute …

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Moi, l’Ego, je  m’adresse à vous en grand désarroi. J’ai été turlupiné sans savoir comment ni pourquoi et ça me tue ! Avant, j’étais un Ego tellement heureux que j’ai voulu en remercier Dieu. Je suis parti sac au dos, en chantant… Mais, voilà, le lieu alléchant était  flippant, je me suis retrouvé devant une sorte de gourou et sa clique en extase,  qui ont voulu savoir qui j’étais, d’où je venais, ce que je faisais, par où j’étais passé, qui je connaissais … Pour déduire doctement  que j’étais un Ego « blessé ». J’étais sidéré.  De quelles blessures parlaient-ils ?  Comme tous les Ego, la vie m’en avait réservé quelques unes qui avaient eu la bonne idée de se caser quelques part sans me déranger. Mais voilà que la troupe, sans me laisser respirer, me tenait en me décortiquant, jusqu’à l’intime. Impossible d’échapper : leur urgence était de trouver mes blessures. Ma vie en dépendait. La preuve, je me suis senti très malade. Je ne pouvais fuir, tétanisé, je me suis livré. On m’a fait défiler mes parents, mes ancêtres, les morts et les vivants. Je n’avais ni le temps de les reconnaitre, ni le temps de souffler. Au fil de la cohorte, je prenais comme un coup de massue, les blessures énumérées faites par l’un, par l’autre, par tous.  Je baignais dans une musique doucereuse,  des chants inspirés, des prières envoûtantes. J’étais ailleurs…J’étais pillé de l’intérieur. Depuis, je ne sais plus qui je suis…

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Autour de moi, d’autres Ego pleuraient, tremblaient, abasourdis,  ils venaient de subir le même sort. Sans attendre, pour nous guérir, on nous amena à la chapelle, on se retrouva sur l’autel.  On nous enseigna la nouvelle religion du dieu Ego auquel tout devait se soumettre. Il avait tous les droits puisqu’il était blessé. Il n’avait pas à aimer, il devait être aimé. Pour guérir, il devait rejeter tous les siens. Il devait s’imposer, décider, il était premier.

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Ce que je fis.  Chaque fois que j’écrasais l’un des miens, je gonflais, je gonflais… J’étais le plus fort, le plus beau. J’étais grand, j’étais grisé,   j’étais dieu. Jusqu’au jour où comme une montgolfière trop lestée, j’ai failli m’écraser. Les autres Ego appelés en urgence, étaient tous aussi délabrés que moi. Certains  avaient éclaté et prenaient leur cure de retour au réel dans des hôpitaux psychiatriques. Affolé, je viens de comprendre que nous avons tous subi un  décervelage. Nous sommes formatés pour exploser dans nos milieux de vie, pour les détruire.

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Nous voudrions retrouver la vie. Aidez-nous !

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Nous ne pouvions rester insensibles à cet appel auquel nous répondons :

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Cher Ego,

« Sac à dos en chantant », «  égaré » dites-vous ? Non, vous êtes tombés sur des égarés ! Des « retraites » alléchantes, des prédicateurs engageants, des lieux historiques, des cathos label garanti… Puis décollage assuré. Destination inconnue…On plane. Fin du voyage ? L’horreur. Pourquoi ?

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Vous étiez un Ego heureux : une grave maladie. Les Ego heureux, c’est le malheur du gourou. Son drame : il n’aime que lui. C’est sa misère. Pour qu’elle lui soit supportable, il lui faut la faire subir à d’autres.  Impossible pour lui de vivre  « comme tout le monde ». Le gourou-Ego se veut au dessus de tout le monde.

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Les Ego heureux ne sont pas prêts à aduler un pauvre type. Pour les attirer, il se présente masqué. Brillant, séduisant, accueillant, empathique. Il est celui qui sait. Un guide « sûr » qui amène ses proies dans ses filets. Son seul but : les briser, en faire de pauvres hères, à son image. Une cour qui l’adule. Un miroir qui le rassure.  Vous avez subi sa programmation : un voyage pour le monde morbide qu’il connait : le sien.

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Sauvez-vous vite ! Regardez le gourou tel qu’il est. Voudriez-vous lui ressembler ? Fuyez ce charlatan de mort, ce magicien des blessures. Retrouvez la vie, l’amour. Retournez vers votre famille, vos amis.  N’ayez pas honte. Parce qu’ils vous aiment, ils vous comprendront.

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Vous venez de découvrir jusqu’où peut aller le mensonge, la duplicité.  Un drame ? Non, il sera ce que vous en ferez. Vous vaincrez les gourous en les réduisant à ce qu’ils sont : du vide. Quant à leur « religion » débile de blessures guérison, amusez-vous en à rire avec des amis. Il y a des perles d’imbécilité qui animent de bonnes soirées.

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Cher Ego, reprenez votre sac à dos, partez en chantant sur les chemins de la vie, nous vous souhaitons d’y rencontrer votre alter Ego. Une magnifique aventure vous attend… La vie est devant vous.

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