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Pour faire court, obéir c’est « faire sienne la volonté d’un autre ».
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Dans le dictionnaire théologique de L. Bouyer, à l’article « obéissance », on lit ceci : « … Dans les vœux monastiques ou religieux, l’obéissance apparaît comme le dépouillement de la volonté propre qui se livrera totalement, dans la foi, à la volonté divine. »
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« À Dieu qui révèle, est due l’obéissance de la foi. » Vatican II, Dei Verbum, n° 5
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Obéir est probablement ce qui peut coûter le plus à la nature déchue, car l’homme, créé à l’image de Dieu, Lui ressemble en ce qu’il a la maîtrise de ses actes et c’est ce à quoi nous tenons le plus, mais obéir est également ce qui est le plus comblant à la nature pleinement portée par la grâce divine.
« Ma nourriture est de faire la volonté de mon Père », dira Jésus, « ce qui plaît à mon Père, je le fais toujours », dira-t-il aussi. Et Marie, « qu’il me soit fait selon ta Parole ». Aussi nous dit-elle : « Faites tout ce qu’Il vous dira ».
La vertu d’obéissance, car c’en est une, est donc ce vers quoi nous devons tendre. Mais pas n’importe comment.
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Obéir est un acte libre, il doit être conscient, intelligent et volontaire. C’est l’acte filial par excellence. L’acte par lequel nous répondons au Père des Lumières, que nous devons écouter.
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C’est en regardant ce qu’est la volonté du Père, que nous pouvons mieux comprendre ce qu’est l’obéissance qui lui répond.
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- La volonté du Père est une volonté aimante, c’est-à-dire qu’elle veut pour nous ce qui est notre bien, notre vrai bien et c’est ce pourquoi nous pouvons l’aimer à notre tour, c’est-à-dire la vouloir aussi. Quoi qu’il puisse nous en coûter.
- Parce que telle est sa volonté et qu’il est notre Créateur, le Père a sur nous toute autorité. Lui seul a « autorité » et toute autorité vient de Lui.
- Autorité qui peut être « de droit ou naturelle », c’est celle des parents. (Par exemple pour l’éducation de leurs enfants).
- Autorité qui peut être « déléguée ». (Par exemple celle de l’état, via les professeurs, pour l’éducation de ces mêmes enfants. Autorité déléguée par les parents aux professeurs reconnus comme tels. Leur autorité étant alors « légitime »).
- L’autorité de Dieu est pleine et s’étend à tous les domaines. Toute autre autorité ne peut être que limitée et partielle. (Un gendarme peut vous obliger à avoir des phares en bon état mais ne peut pas vous obliger à avoir une voiture d’une couleur déterminée). L’autorité pour s’exercer doit être légitime et s’exercer sur une matière précise et selon une loi précise.
- L’obéissance due à l’autorité reste un acte libre (requiert une maturité suffisante), ainsi le refus est possible, même s’il n’est pas bon. Dieu seul étant Créateur, l’objection de conscience vis-à-vis de toute autre autorité est une possibilité réelle et peut être tout-à-fait justifiée, auquel cas elle est nécessaire, c’est le cas du martyr !
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De tout ceci il apparaît que donner un ordre, réclamer l’obéissance est un acte grave et que l’on peut bien facilement agir de façon peccamineuse en ordonnant si l’on n’a pas en nous les dispositions qui sont celles de Dieu et, évidemment, toutes les fois où l’on outrepasse le droit.
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Ainsi, pour réclamer l’obéissance, l’autorité doit-elle être légitime, s’exercer sur un domaine précis et selon des lois ou constitutions précises, (même le Pape ne peut pas ordonner n’importe quoi, d’ailleurs, cela ne lui viendrait pas à l’idée).
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Pour obéir, enfin, il faut disposer d’une maturité suffisante et pouvoir disposer de soi-même. L’obéissance dans la foi n’est jamais une obéissance aveugle, mais suprêmement intelligente, l’obéissance aveugle étant habituellement une bêtise, et la bêtise, un péché.
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