Une conférence de Bertran Chaudet pour le cycle de formation Pastorale Nouvelles Croyances et Dérives Sectaires 72. Voir la page de Bertran Chaudet http://charismata.free.fr/?page_id=5237  Voir le site de la Pastorale http://pncds72.free.fr

Dans la mythologie grecque, Gaïa, ou Gê «Terre », est une déesse primordiale identifiée à la Déesse mère ou Terre-Mère, la terra mater des Romains. Elle dispense la nourriture et la vie aux hommes. Il est très curieux que le pape François utilise ce vocable à de nombreuses reprises, alors qu’il a une consonance habituellement réservée aux traditions dites primordiales, aux initiés de diverses obédiences, ainsi qu’à des écologistes de la mouvance New Age. Dans son encyclique Laudate si, François préfère utiliser plus prudemment le vocable de maison commune.

Gaïa est l’ancêtre maternelle des races divines, mais enfante aussi de nombreuses créatures, les grands serpents et les monstrueux reptiles. Elle apparaît comme une divinité chtonienne, puissance infernale, que l’on invoquait et à laquelle on sacrifiait des victimes de couleur claire. Le culte de Gaïa est toujours associé à celui du Serpent.

Gaïa est la gardienne du pouvoir divin : c’est elle qui provoque la rébellion de son fils Cronos contre son père Ouranos qui représente le ciel et celle de son petit-fils Zeus contre Cronos. Elle dresse aussi ses fils monstrueux, les Géants et Typhon, contre Zeus. De cette façon, les Grecs ont voulu représenter les deux aspects de la nature : capable de créer la beauté harmonieuse, mais également capable de faire resurgir le chaos originel. (D’après l’article Gaïa sur wikipedia.)

Gaïa est donc une divinité, un être suprême, l’essence même de l’âme universelle. Elle est présente sous une forme ou une autre, dans toutes les conceptions initiatiques, les rites secrets magiques, résurgences des mystères égyptiens et grecs, des cultes orphiques et de ceux voués à Mithra où les initiés pensaient devenir Dieu. Le rôle du serpent y est essentiel. Les rites d’initiation des mystères d’Eleusis tournent autour du serpent comme ceux de Delphes associé au culte du Python, le familier de Gaïa, la Terre Mère. En Inde, c’est le « Naga » le serpent qui est la personnification des énergies profondes de la Terre. Gaïa est aussi la divinité qui pouvait prédire l’avenir. Gaïa correspond à Aya, la déesse-mère babylonienne associée au soleil levant et à l’amour sexuel.

Dans la spiritualité New Age, elle est la divinité de la Terre Mère.

Nous retrouvons ces conceptions dualistes dans le yin et le yang qui postulent que tout a deux faces ou deux pôles perpétuellement en mouvement. Cette vision du monde est la base fondamentale des films Star Wars comme également de nombreuses productions cinématographiques ou de roman fantaisy. Nous sommes là au cœur de la mythologie, de la gnose et des courants initiatiques qui ont traversé l’histoire après maints remaniements et qui reviennent toujours à ces sources.

Dans la tradition gnostique, la Terre-Mère est formée de l’Éon Achamoth (ou Sophia-Terrestre, la sagesse), rejetée du Plérôme où l’engendra à elle seule l’Éon Sophia du Dodécade.

Saint Irénée luttera avec une grande vigueur dans sa vie contre ces traditions initiatiques et dans son œuvre Contre les hérésies, où il parle des éons et du plérôme pour en dénoncer les mensonges et l’incompatibilité avec la foi chrétienne. Voici une ligne de son introduction, qu’il faudrait citer en entier, pleine de délicatesse d’humilité, mais aussi de détermination : « De façon spécieuse, par l’art des discours, ils attirent d’abord les simples à la manie des recherches; après quoi, sans plus se soucier de vraisemblance, ils perdent ces malheureux, en inculquant des pensées blasphématoires et impies à l’endroit de leur Créateur à des gens incapables de discerner le faux du vrai. » Dans la préface de ce livre, le Cardinal Albert Decourtray archevêque de Lyon écrivit : «… en luttant contre le gnosticisme le deuxième évêque de Lyon a combattu, il y a exactement dix-huit siècles, la déviance la plus redoutable que rencontre aujourd’hui la foi chrétienne, du moins en Occident. »

Les Pères de l’Église n’ont pas cessé de préciser que la Foi en un Dieu Créateur de l’univers, en Jésus-Christ mort et ressuscité, vrai Dieu et vrai homme, s’inscrivait de manière radicalement différente et nouvelle face à tous ces courants gnostiques.

Dans l’évangile apocryphe et gnostique de saint Thomas, Dieu se trouve en toute chose : « Fends le bois, je suis là, soulève la pierre et tu m’y trouveras… » Ou encore : « Il est en chaque pierre… au centre de la terre, au fond des océans, il fait germer les graines, dirige les ruisseaux,…» Marylin Fergusson grande prêtresse du Nouvel Age aura les mêmes accents en voyant une petite fille boire un verre de lait : «  Tout à coup, je vis qu’elle était Dieu et que le lait était Dieu. Ce qu’elle faisait était simplement de verser Dieu en Dieu.[1] »

À ces gnostiques saint Augustin répondait : « J’ai cherché mon Dieu dans tous les corps, sur la terre et dans les cieux et je ne l’y trouve pas. J’ai cherché sa substance dans mon âme et ne l’y trouve pas non plus et il ne me reste rien à toucher si ce n’est Dieu lui-même. »

Le transcendantalisme.

Thoreau et Emerson, dans le prolongement des idées de Rousseau avec la raison en moins, sont eux aussi dans ce courant. Pour eux « la vraie religion est dans le cœur et n’est liée à aucune forme et à aucune langue.» Ils s’intéressaient au somnambulisme (hypnose), aux oracles, à la médiumnité. Ils sont devenus les maîtres à penser de la jeunesse américaine des années 1960-1970, puis des courants New-Age. Emerson (1803-1882) fils de pasteur et pasteur lui-même en est une figure emblématique. Il rejeta toute contrainte doctrinale pour rechercher intuitivement l’union avec le divin dans les énergies de la nature. En 1938, il fonda le Transcendantal Club of Boston, d’où vient le mouvement appelé transcendantalisme américain. Pour Emerson : « Le monde est le produit d’une volonté unique, d’un esprit unique, et cet esprit est actif partout, dans chaque rayon de l’étoile, dans chaque ride de l’étang. [2]»

Emerson fut lui-même influencé par Swedenborg (1688-1772) scientifique, théologien et philosophe suédois. Swedenborg s’inscrit dans le courant de la théosophie, il est très en vogue chez les occultistes et autres initiés.

À l’âge de cinquante-six ans, il déclare être entré dans une phase spirituelle de sa vie. Il a des rêves et des visions mystiques dans lesquels il discute avec des anges et des esprits, voire avec Dieu et Jésus-Christ, et visite le Paradis et l’Enfer. Toute sa théorie repose sur le principe des correspondances entre le monde spirituel et le monde matériel — une théorie qui intéressera Baudelaire, dont un poème s’intitule précisément « Correspondances » dans Les Fleurs du mal.

Pour Balzac : « Swedenborg résume toutes les religions, ou plutôt la seule religion de l’Humanité ». Il contribue donc à le faire connaître, notamment par son roman autobiographique Louis Lambert et par Séraphîta, dans lequel le pasteur Becker fait l’éloge du mystique suédois.

Paul Valéry signe la préface de la traduction française de la biographie intitulée Swedenborg par Martin Lamm, éditée par Stock en 1936.

William Blake s’est également intéressé à son œuvre, ainsi que Arthur Conan Doyle, Carl Jung, Czesław Miłosz, et Jorge Luis Borges.

William Blake (1757-1827) se fait le chantre de cette inversion totale de la Révélation chrétienne dans son poème mariage du Ciel et de l’Enfer.

« Lorsque Satan banda la première fois son arc, délivra les hommes du mythe du péché originel inventé par d’hypocrites moralisateurs, par les faibles. Cherchant à asservir les forts par la ruse. »

 

Et dans son poème « L’Évangile éternel », il déclame : « Tu es homme, Dieu n’est pas plus.                                                                                                                        Apprends à adorer ta propre divinité. »

Le poète anglais Milton ne fera que reprendre cette thématique en glorifiant Satan, dans le Paradis perdu.

Selon ces conceptions, dans l’univers Gaïa, le bien et le mal sont des notions qu’il convient de dépasser. Gaïa étant une force cosmique englobant tout. Le mal que nous rencontrons n’est que le fruit d’un équilibre spirituel qui n’est pas arrivé encore à maturité. Une pleine conscience, comme nous y invite la méditation qui porte ce nom, permettrait d’échapper à l’illusion, l’erreur, l’ignorance[3]. Le mal qui ne serait que la résultante de forces « dont la seule particularité est d’avoir été employées à mauvais escient ou de ne pas avoir été adaptés aux besoins de l’évolution.[4]»

Star Wars

Dans l’univers de Star Wars, le noir est l’envers du bien, la face cachée de la force « car il y a du mal dans le bien et du bien dans le mal, comme il y a du yin dans le yang et du yang dans le yin. [5]». Star Wars, la guerre des étoiles, phénomène cinématographique sans précédent n’a d’autre principe fondateur que cette conception-là… Dark Vader le méchant tout en noir est le père du bon Luke Skywalker tout en blanc. Il passe successivement du côté blanc au côté noir puis du côté noir au côté blanc. Il s’agit de surmonter l’illusion de la dualité pour fusionner avec l’énergie du monde. Tout est un, tout est énergie, tout est Conscience. Une conscience sans morale, une conscience sans le Dieu de la révélation chrétienne.

Ce sont les mêmes schémas issus des gnostiques et repris par les kabbalistes. Pour ces initiés le serpent est le grand initiateur qui n’est pas du tout, comme l’enseigne le catholicisme, l’ennemi du genre humain, mais au contraire son protecteur qui a été victime de la jalousie du Démiurge, créateur de la matière. L’Archange Saint Michel qui l’avait précipité dans l’abîme est un véritable démon qui veut maintenir les hommes dans l’ignorance alors que Lucifer et Belzébuth sont eux porteurs de la vraie lumière. Tout est inversé, rien n’est mauvais, rien n’est maudit, le monde tel qu’il se présente est une illusion qu’entretient le catholicisme. Mais l’initié sait que ce que l’on appelle le Mal est en Dieu lui-même l’autre face du bien.

De plus les gnostiques puis les kabbalistes ont toujours affirmé que l’âme était une étincelle divine, parcelle de l’Âme du monde, qui n’est rien d’autre que Dieu immanent dans l’univers. Ainsi la conscience est divinisée parce que participant à une conscience universelle. Elle n’a d’ordre à recevoir que d’elle-même. Il n’y a donc plus ni bien ni mal, seul est déterminant ce que ma conscience me dit de faire.

Hypothèse Gaïa et Théories Gaïa.

Pour illustrer sa théorie, appelée hypothèse Gaïa, l’écologiste anglais James Lovelock utilise, dès 1970, le nom et l’image de la déesse-mère Gaïa, personnifiant « la Terre comme un être vivant » (titre de son ouvrage fondateur). Selon lui, la Terre est un système intelligent, s’autorégulant, et voulant permettre le développement de la Vie, objectif permis au moyen des lois gaïennes. À sa suite, des courants du New Age revendiquent la notion et développent des théories Gaïa.

Selon Lovolock, « tout le spectre du vivant sur la Terre, des baleines aux virus, des chênes aux algues, peut être considéré comme formant une entité vivante unique, capable de manipuler l’atmosphère de la terre pour subvenir à l’ensemble de ses besoins, et dotée de pouvoirs qui dépassent de loin ceux de ses parties constitutives »… donc « Si nous éliminons un seul de ces êtres nous détruisons peut-être une partie de nous-mêmes puisque nous aussi, nous sommes une partie de Gaïa.[6] »

« L’homme est un neurone du système nerveux de la Terre, et toutes les entités individuelles ont entre elles une relation de complémentarité. En fait il existe une complémentarité interne, ou androgynie, dans toute la création. [7]» (Voir notre article « Gender et mariage  homosexuel, revendication légitime ou retour au mythe de l’androgynie » sur PNCDS72[8].

Fiat Lux sur la façade de Saint-Pierre de Rome.

Voir l’article complet d’Anne Dolhein sur le site REINFOMATION.TV[9].

La projection du spectacle sonore et lumineux Fiat Lux sur la façade de Saint-Pierre de Rome pour marquer à la fois l’ouverture du Jubilé de la Miséricorde et la lutte contre le changement climatique, selon le plan d’action de la COP21 est pour le moins troublant.

Comment se fait-il que la banque mondiale qui a financé ce spectacle s’investisse par ailleurs dans des projets contraires à l’enseignement de l’Église?

Les images et la bande-son proposées sont pétries de culture New Age, c’est un culte rendu à la nature et à ses forces sans évoquer leur Créateur, sans jamais évoquer le Christ Pantokrator, sans parler du péché des hommes ni de Celui qui vient les en libérer.

Les réalisateurs de Fiat Lux ne cachent pas leur référence au New Age et aux divinités païennes. En effet Travis Threlkel, fondateur et directeur artistique d’Obscura, dont le nom est déjà tout un programme, la société qui a opéré la « mise en lumière » de la basilique Saint-Pierre, avait déjà opéré un premier spectacle projeté sur l’Empire State Building à New York au mois d’août précédent : « On sent l’énergie palpable du moment. Quelque chose de grand va se passer ici », avait-il déclaré à Ann Thompson de NBC à la veille de la projection.

Elle commente à propos des artistes : « Ils sont inspirés, comme d’autres avant eux, par une puissance plus élevée. » il a expliqué à la chaîne américaine NBC le niveau de « contribution » du Vatican au scénario « étonnamment minimal ». « Je n’arrive pas à croire à quel point, ils nous ont soutenus… », dit-il. C’est Threlkel lui-même qui expliquait au cours d’un entretien le 1er août : « Nous avons fait des trucs amusants. Un singe argenté qui grimpe le long de l’Empire State, et qui invoque la Terre Mère. Nous avons Gaia, et Aya, et la Terre Mère apparaît. (…) Je suis descendu dans la rue et il y a des milliers de personnes, tellement aimables. Il y a comme ce silence, cette « vibration » zen qui est là. Tout le monde parle des animaux. Ça marche. Nous allons toucher un million de gens. »

La basilique Saint-Pierre fut l’achèvement et l’apothéose d’un spectacle commencé à New York. Une légitime question se pose : les responsables du Vatican qui ont autorisé la projection de Fiat Lux sont-ils naïfs ou complices ?

(…) « Que ces images soient profondément dérangeantes s’explique sans doute le mieux par ce qu’en dit l’artiste digital qui les a créées : Andrew, dit Android Jones, qui travaille aux confins du « réalisme généré par ordinateur » et le psychédélisme abstrait, comme l’explique un journaliste qui l’interviewait le 18 novembre dernier.

Il participe régulièrement au festival New Age d’art totalement « libre », Burning Man. Il a travaillé pour la famille royale d’Abu Dhabi. Il « réifie les immenses paysages oniriques mystiques et artistiques qu’il a acquis par le voyage et l’exploration transcendantale ». Il se réclame de « la Force » à la manière de George Lucas l’auteur de Star Wars. Pour lui, Burning Man est comme « les Jeux olympiques de la créativité qui change l’esprit ».

À la question de savoir s’il a fait l’expérience des substances psychédéliques, il répond : « Là je répondrais affirmativement. J’ai le sentiment qu’en tant qu’êtres humains, la liberté nous est accordée d’explorer personnellement les zones frontalières et les limites de notre conscience. (…) J’aimerais mieux être damné que de voir quelqu’un empêcher la souveraineté de mes capacités d’explorer l’espace intérieur, les dimensions infinies de l’esprit, la créativité et le mystère qui ne peut être connu. Ce sont des outils qui offrent des portails et l’accès à des royaumes différents que je n’ai pas encore pu pleinement saisir et dont je ne peux dire que j’ai compris toutes leurs significations. Je considère que beaucoup d’entre eux sont des facilitateurs. Ils ont facilité ma capacité à faire le tour du monde, ils ont facilité ma capacité à résoudre les problèmes, ils m’ont appris à découvrir des combinaisons d’énergie et de matière nouvelles et intéressantes. Certains m’ont donné un regard sur les plus hauts aspects de mon propre être et d’autres m’ont montré les pires cauchemars que je ne pourrai jamais dépeindre et dont je ne souhaite pas me souvenir. Je crois qu’ils ont approfondi mon humanité sur cette planète. »

Voir notre article Stanislav Grof. Psychologie trans personnelle. Une approche globale et spirituelle pour épanouir sa conscience sur PNCDS72[10].

« C’est le maître mot : celui de la « redéfinition » de l’humain, transporté dans un univers visuel d’expériences immédiates. Il n’y a pas de doute, ce changement anthropologique ainsi que d’autres l’ont appelé fait partie de cette « nouvelle ère », ce New Age qui rejette les religions d’hier et rêve d’un syncrétisme tout oriental. Android Jones ne se dit-il pas fasciné par l’hindouisme et l’orientalisme ? « Leurs divinités… ne sont que des facettes différentes de l’innommable. Des expressions de la Source, de Dieu, du Créateur, du Grand Esprit, du Monstre en spaghettis volant », dit-il. Il a pour chacune une certaine « révérence, un respect ». Certaines divinités lui paraissent plus difficiles à représenter que d’autres : « J’ai comme le sentiment qu’il faut ressentir une permission plus profonde et une bénédiction pour explorer tout cela de manière significative… »

(…) Michael D. O’Brien, l’auteur catholique canadien bien connu du public français pour sa trilogie du Père Elijah, y a vu une spiritualité vidée de toute substance chrétienne : « Le tableau était implicitement religieux, proposant une spiritualité qui est censée sauver la planète, comme pour dire : voici la “femme” (la Terre mère, la déesse Gaia) à qui nous devons révérence, sinon un culte. Il est donc particulièrement dérangeant que cet événement ait été planifié pour avoir lieu lors de la fête de l’Immaculée Conception, où l’Église fête de la manière la plus éminente la vraie Femme, la Mère de tous les Peuples. »

O’Brien a critiqué cette forme d’« inculturation » où celui qui veut évangéliser « perd la vision de sa propre identité et de son propos missionnaire en tant que porteur de l’unique vraie Lumière qui sauvera le monde ». « Là où la prudence et la clarté font défaut, l’inculturation subit facilement une mutation qui la fait assimiler par le paganisme », a-t-il ajouté…

(…) LifeSite cite encore Cornelia Ferreira, diplômée en sciences et fin connaisseur du mouvement New Age, pour qui Fiat Lux était « certainement lié au New Age et à l’occulte ». Elle a vu dans le spectacle des techniques de théâtre du contrôle de l’esprit qui ouvre les spectateurs aux influences occultes, qui ne sont pas immédiatement perceptibles puisqu’on peut ne voir que les images de surface : des animaux projetés sur un fond. « Mais il y a un niveau plus profond que l’on peut voir en tenant compte de qui a créé le spectacle et l’“écran” qu’ils ont utilisé. Et il y a un sens encore plus profond lorsque vous étudiez l’étrange symbolisme et la séquence des événements au sein du spectacle. »

C’est précisément une manière de faire des initiés que d’utiliser langage ou des figures ésotériques pour n’être compris que des seuls initiés qui voient une autre histoire que celle présentée en surface de manière exotérique aux profanes ou aux vulgaires.

(…) «  Des symboles qui peuvent avoir une influence par les techniques d’ouverture de l’esprit… Ils étaient d’ailleurs accompagnés de cris et de grognements d’animaux et de sonorités stridentes ou planantes typiques du New Age.

Il serait naïf, dit Cornelia Ferreira, de ne pas voir les symboles occultes qui semblent avoir été insérés dans le scénario de manière délibérée. Au début, un soleil levant gigantesque semble recouvrir toute la façade de Saint-Pierre. Cela renvoie vers le « nouveau jour » qui se lève sur les masses, un «changement de direction ». Changement de paradigme disent les disciples du New Age. Suivie de la lune éclipsée, de ciel et de nuages, puis d’eau recouvrant la façade et d’une multitude de bougies, les premières images regroupent les quatre éléments « adorés par les peuples indigènes » : la terre (ou la lune également objet de cultes païens), l’air, l’eau et le feu.

« C’est une spiritualité qui a été reprise à son compte par le mouvement écologiste, dont les racines plongent dans la spiritualité indigène et occulte. Ces symboles ne sont qu’un signe de plus de celui qui dirige le spectacle et de ce qu’ils adorent vraiment », dit-elle.

Parmi les animaux projetés, il y en avait qui n’étaient nullement menacés d’extinction. Le lion et le dauphin « ont aussi une signification occulte en ce qu’ils sont fréquemment utilisés comme guides spirituels ». Les abeilles sont très présentes dans la « pensée occultiste ». Tout comme les papillons qui « signifient le changement, une transformation puissante ». À certains moments ce sont des images de hordes de papillons qui recouvraient la façade basilique.

S’agissait-il de promouvoir le culte de la Terre plutôt que celui de Dieu ? Il est clair en tout cas que les auteurs du spectacle ont pour objectif affirmé de « modifier la conscience et la pensée ».

Pour Cornelia Ferreira, le « beau spectacle de son et lumière conduit les spectateurs sur un chemin spirituel qui court-circuite la pensée rationnelle et le jugement humain normal », dit-elle – c’est exactement l’effet des pédagogies globales, pourrait-on ajouter. « Évidemment tout cela est déguisé en “changement climatique” » – il faut « sauver les océans », « sauver la planète », « sauver les animaux » : « c’est ce qui est tellement dangereux : les gens entrent là-dedans sans savoir ce qu’ils font ».

Pour Michael Hichborn du Lepanto Institute, qui a lui aussi étudié l’occultisme, le spectacle contenait des scènes et des images qui se prêtent à une interprétation occultiste et ce d’autant que la croix chrétienne était totalement absente.

« C’est tout le problème : le symbolisme occulte est destiné à être exactement cela – occulte, caché, secret. Ceux qui ont des yeux pour voir comprendront ce qui pavane en pleine vue, mais ceux qui ne croient pas en l’existence de l’occulte se moqueront », dit-il.

Ainsi ceux qui pratiquent l’occultisme mystique savent parfaitement le sens des symboles et s’ils les utilisent, c’est de manière pleinement délibérée. Hichborn a vu pour sa part quelques scènes qui se prêtent à une interprétation occulte, notamment celle où l’on voit des moitiés de visages humains, focalisée sur un seul œil – « l’œil d’Horus, le symbole le plus en vue de la franc-maçonnerie, des Illuminati et de la magie noire ». Ces images-là ne correspondent à aucun symbolisme chrétien.

Hichborn note aussi la scène où l’on voit des colombes blanches qui volent en arrière: «Normalement, le Saint-Esprit est représenté par une colombe. Mais dans ce spectacle, nous entendons crépiter l’électricité juste avant de voir une colombe qui vole, en reculant vers l’arrière. De plus, la lumière monte de bas en haut et ne descend pas depuis le ciel, pour montrer cette colombe voler vers l’arrière. » Il ne craint pas d’ajouter : le démon « aime singer Dieu », mais le fait « en le copiant à l’envers » – c’est ainsi que se déroule une messe noire.

À quoi s’ajoutent d’étranges formes qui n’ont rien à voir avec la nature : des sortes de squelettes stylisées en lumière dorée, des visages totémiques, des yeux qui brillent, et bien des symboles qu’il faudra sans doute décrypter eux aussi.

Anne Dolhein

Enseignement de l’Église

Les enseignements des papes de la deuxième moitié du dix-neuvième siècle et de la première moitié du vingtième siècle sont voués aux gémonies. Ils ne sont plus repris que par les courants traditionalistes qui protestent contre Vatican II et ce qui s’en est suivi… Et pourtant ces enseignements dont certains sont prophétiques, font parties intégrantes de la richesse de l’enseignement de l’Église, experte en humanité, comme le rappelait le Pape Paul VI.

Voyons notamment en ce qui concerne la doxa sur Gaïa, qui de fait s’inscrit dans le panthéisme, la définition que donnait le Pape Pie IX en 1864, dans le Syllabus, enseignement qui dénonçait les erreurs des temps modernes[11]. Le panthéisme y est ainsi défini : « Il n’existe aucun Être divin, suprême, parfait dans sa sagesse et dans sa providence, distinct de l’universalité des choses, et Dieu n’est autre que la Nature ; il est par conséquent sujet aux changements ; par là même Dieu se fait dans l’homme et dans le monde, et tout est Dieu et la substance même de Dieu ; Dieu et le monde sont une seule et même chose, et, par conséquent, aussi l’esprit et la matière, la nécessité et la liberté, le vrai et le faux, le bien et le mal, le juste et l’injuste. » N’est-ce pas une définition précise de l’univers de Star Wars et de la projection de Fiat Lux sur la basilique saint Pierre?

Depuis Vatican II, les textes officiels de l’Église ont systématiquement évité de dénoncer ou de condamner des idées ou des pratiques qu’elle considérait jusque-là comme hérétiques. L’Église, à travers sa hiérarchie, se voulant désormais plus pastorale que dogmatique, plus « dialoguale » qu’enseignante. Il existe cependant dans le domaine qui nous intéresse ici, quelques exceptions comme le document Jésus-Christ le Porteur d’eau vive, remarquable mise en garde concernant la mouvance du Nouvel Age, dont les idées continuent d’imbiber les croyances et les pratiques contemporaines.

Il aurait été souhaitable que le Pape François reprenne cette pertinente et lucide analyse dans sa dernière encyclique Laudato si et ne permette pas ce spectacle en opposition à la Foi de l’Église sur la façade de la basilique saint Pierre. Voici notamment la conclusion d’une actualité et d’une vérité saisissante du deuxième chapitre, « la spiritualité Nouvel Âge: aperçu général… : Il suffit de souligner que le Nouvel Age partage avec un certain nombre de groupes influents au plan international l’objectif de supplanter ou de dépasser les religions particulières pour faire place à une religion universelle capable d’unifier l’humanité. Dans cette même perspective, il faut signaler l’effort très concerté, de la part de certaines institutions, pour formuler une éthique globale, un cadre éthique qui refléterait la nature globale de la culture de l’économie et de la politique contemporaines. Par ailleurs, la politisation des questions économiques donne incontestablement une colorisation particulière à l’hypothèse Gaïa, ou culte de la Terre Mère. [12]»

Bertran Chaudet diacre

[1] Marilyn Ferguson, Les enfants du verseau. Pour un nouveau paradigme, Calman-Lévy, 1981, p.286.

[2] Emerson, Discours devant la Faculté de théologie de Harvard, extrait de son journal intime.

[3] Voir notre article sur la Méditation de pleine conscience, sur PNCDS 72.

http://pncds72.free.fr/2104_formation_14-15/2104_141015_meditation_pleine_conscience/2104_141015_meditation_pleine_conscience.pdf

[4] D. Spangler, cité par N. Geisler, le Nouvel Age ou l’Ere du Verseau, FAC Réflexion n°11, janvier 1989. P. 33

[5] B.Woestelandt, De l’homme-Cancer à l’homme-Dieu, Dervy-livres, 1986, p. 101.

[6] David Spangler, Emergences. Quand grandissent les enfants du verseau, Le Souffle d’or. 1985 ; p.47-48

[7] Conseil pontifical de la culture conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, Jésus-Christ le Porteur d’Eau vive, une réflexion sur le « Nouvel Age ». Pierre Téqui éditeur 2003. p. 52.

[8] http://pncds72.free.fr/2103_formation_13-14/2103_140205_gender_mariage_homosexuel/2103_140205_gender_mariage_homosexuel.pdf

[9] http://reinformation.tv/fiat-lux-saint-pierre-rome-new-age-occultisme-dolhein-48150-2/

[10]http://pncds72.free.fr/1100_culture_nouvelage/1100_3_grof_psychologie_transpersonnelle.pdf

[11] https://fr.wikipedia.org/wiki/Syllabus_de_Pie_IX

[12] Conseil pontifical de la culture conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, Jésus-Christ le Porteur d’Eau vive, une réflexion sur le « Nouvel Age ». Pierre Téqui éditeur 2003. p. 63-64.

Gaïa, la terre-mère

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