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Nous étions dans un restaurant d’une ville mariale. Entre une dame qui semble connaître l’un de nous, et qui, sans plus de manière, s’assied à notre table. Un peu surpris, nous observons, attendant la suite … Cette dame volubile nous dit sa joie d’être là, de prier, puis sans transition nous raconte sa vie. Nous avons l’habitude d’écouter, nous écoutons. La voilà maintenant qui nous parle de son chemin de guérison. Un parcours divers et varié à entendre les nombreux lieux de « guérison » où elle est allée, les rassemblements qu’elle suit depuis des années, etc. Nous devenons très attentifs. Elle n’est pas avare de détails pour nous raconter son parcours affectif chaotique, son divorce, son remariage, ce qui devient intime et dérangeant en ce lieu. L’un de nous pour stopper ce flot de paroles lui demande si elle est en pèlerinage. Bien sûr, c’est « pour remercier sa « maman du ciel » parce qu’elle va bien ». Ce qui ne nous apparaît pas évident et qu’elle a dû sentir. Aussitôt, elle nous dit qu’elle a avorté mais que maintenant, elle est guérie. Et pour nous persuader, elle ajoute qu’elle a découvert dans une session de guérison, qu’elle n’est pas responsable de cet avortement, que c’est la faute de son père qui ne l’a pas aimée. Cette révélation suivie d’une longue litanie des « fautes » de son père… L’un d’entre nous lui fait remarquer que c’est elle qui a pris la décision et qui a avorté… Sa colère est montée, elle a bafouillé on ne sait quoi et elle est partie.
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Bien évidement, il n’est pas question de porter un jugement sur cette personne. Si nous citons cette anecdote, c’est parce qu’elle est un « cas d’école » tant elle démontre la confusion dans laquelle plongent ces « guérisons ». Cette personne a posé un acte dont elle est objectivement responsable. Elle l’a certainement mal vécu, s’en est culpabilisée. Malheureusement, plutôt que consulter un psychologue ou un psychiatre qui aurait eu les moyens de l’aider, elle est allée voir un charlatan qui a su rentrer par cette faille pour la « libérer ». Cette « guérison » a consisté à lui « révéler » certainement avec force subjection, que c’est la faute de son père qui ne l’a pas aimée. C’est lui qui en est responsable. C’est du déterminisme. Sauf que là, elle est déconnectée de la réalité, la raison n’existe plus. On nage en pleine subjectivité. Rien n’est réglé, la situation est pire. Cette femme trimbale toujours son fardeau et en prime déteste son père…
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Voilà un bricolage psycho-spirituel qui risque de déglinguer une personne pour le reste de sa vie. La haine envers son père camoufle sa culpabilité qui continuera ses ravages au fil du temps…
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Ces « guérisons » rappellent le texte de la Genèse où après la chute, l’homme qui a croqué la pomme accuse la femme qui l’a lui a donnée, et la femme renvoie la faute vers le serpent… Ce sont les nouvelles « thérapies » antédiluviennes !
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