Quelle indécence !

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Le même jour, deux informations nous sont parvenues. La première transmise par des parents, très surpris d’apprendre que les confirmations du diocèse se dérouleront le jour de Pentecôte. Pour l’occasion, l’importante salle du Zenit a été louée. Pour couvrir les frais inhérents, leur évêque n’a pas hésité à leur adresser une lettre d’appel de don  et pour cause, le coût de l’opération s’élève à la somme de 80.000 Euros.

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La deuxième nous est adressée le soir de ce même jour par un prêtre de l’Église en détresse. Lui aussi, a un besoin urgent d’argent mais pas pour les mêmes raisons. Il nous a longuement narré la situation critique des chrétiens persécutés dans les pays en guerre. L’Église de Syrie, assiste, à elle seule, aux horreurs que subissent les hommes et les femmes persécutés pour leur foi. Ils ont tout perdu. Leur quotidien se déroule sous les bombes, de nombreux enfants assistent impuissants aux assauts incessants des troupes qui font régner la terreur et la famine.

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Ces deux demandes d’argent reçues le même jour nous interpellent parce qu’elles nous scandalisent. D’un côté 80.000 Euros dépensés pour une manifestation à Pentecôte, par un évêque diocésain qui engage cette somme en comptant sur ses ouailles pour payer. De l’autre une Église en détresse qui demande de l’aide pour sauver nos frères persécutés, martyrisés, pour sauver des enfants. Dans quelle Église vivons-nous ? Dans la nouvelle église du Saint-Esprit et sa nouvelle religion du monde (Le renouveau charismatique et l’Église)

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Une religion de grands rassemblements très sonorisés, remuants et bruyants mais bien médiatisés, dans ces nouveaux temples de spectacles, vident de sens et d’histoire.  Ce n’est pas la transmission de la foi qui est recherchée dans ces copies conformes de rassemblements charismatiques. Non, c’est le processus logique de la nouvelle évangélisation dans laquelle nos évêques embarquent leur diocèse. A grand renfort de publicité, de mobilisation de personnes, de réunions, de tracas  d’organisation d’autobus, etc. pour laisser en rade des personnes âgées ou fatiguées qui ne pourront pas y aller. Quel tra-la-la !!

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Nos évêques n’ont plus  le sens du réel. Ils crient misère sous prétexte que l’Église n’aurait plus d’argent, vendent les biens immobiliers payés par des générations de catholiques fervents, lancent des appels d’argent tous azimuts, et dépensent des milliers d’Euros pour une manifestation qui pour être religieuse serait plus à sa place dans nos cathédrales, pour la joie des paroissiens qui participent à la cérémonie, et pour la vie de la paroisse et du quartier. Mais la nouvelle évangélisation ne connait pas l’humble quotidien, elle voit plus grand ! Ailleurs.  

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Nos évêques vivent au dessus des nuages. Dans le monde « d’en haut ». Un monde facile où ils côtoient en égaux  les grands de ce monde. Le monde du pouvoir et de l’argent où ils se sont perdus. Le monde de la nouvelle religion, déconnecté de la réalité humaine mais bien inséré dans le pouvoir financier (Le renouveau charismatique et l’Église) et pour le dossier complet le magazine de Golias n° 153 de janvier-février 2014.

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Nous, humbles humains, vivons et travaillons sous les nuages. Nous essuyons les gros temps et les  tempêtes. Nous vivons en plein vent. Nous connaissons le poids de la vie, de la souffrance mais aussi la joie du vrai partage. Nous savons ce que sont des enfants détruits par la pédophilie, des jeunes cassés, des familles dévastées par la nouvelle religion du monde. Nous savons ce qu’est l’humanité.

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Comment s’étonner que ces deux mondes parallèles ne se comprennent pas ? Nos évêques dans leur Olympe se disculpent sous de virtuels portiques de miséricorde et sans vergogne demandent de l’argent pour leurs besoins grandiloquents. Dans notre monde, nous accueillons les victimes. On engage des dépenses quand on a l’argent pour les payer. Nous partageons avec les plus pauvres.

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Qu’attendre d’une église qui a embarqué sur le Titanic pendant que nous souquons ferme dans la barque de Pierre ?