Nous mettons en ligne avec l’aimable  autorisation de “Golias Hebdo”, cet article paru dans  son N° 535 du 4 juillet 2018, sous la plume de Patrick Morin du Centre Contre les manipulations Mentales.

 

 

 

Le viol psychique rampant dans l’Église est utilisé d’une manière systémique par des communautés déviantes  soutenues par l’épiscopat,  pour recruter des jeunes et les utiliser  à leur profit. Ces jeunes  vont être psychiquement et affectivement détruits. Instrumentalisés, pervertis, déshumanisés, ils vont  jusqu’à faire subir à leurs proches des actes de cruauté morale et mentale.

 

Il ne s’agit pas de quelques cas comme l’épiscopat veut le faire croire. Et déjà quelques cas seraient de trop. Les faits sont systémiques. Le camouflage mis en place dans l’Église, le discrédit jeté sur les parents qui dénoncent, permet de faire croire que tout cela est faux, que ce sont des histoires anciennes… Non, le système continue, les faits sont actuels et de plus en plus graves. L’épiscopat ne peut l’ignorer, nous lui avons remis les documents et les preuves. Tous les évêques à Lourdes ont été informés par un rapport qui leur a été remis lors de l’assemblée plénière en novembre 2011.  C’est donc à court d’argument, que  l’épiscopat se défausse « les jeunes sont majeurs »… Une telle argutie ne  peut tenir devant des faits  avérés, prouvés  et connus. Alors pourquoi un tel déni ?   

 

Il faut savoir que derrière une façade trompeuse, ces communautés sectaires par leur système de recrutement et de fonctionnement pernicieux, ont amassé de grosses fortunes en utilisant  des jeunes au nom de Dieu, dans leurs diverses et très  nombreuses activités lucratives… Les scandales financiers dans l’Église montrent bien la place primordiale donné à l’argent. Ce sont donc des murs de silence qui ont été montés autour des familles pour qu’elles ne soient pas entendues. Sauf que ce temps est révolu. Avec le scandale de la pédophilie, issu des mêmes dérives sectaires, des mêmes dysfonctionnements systémiques, le scandale du viol psychique est explosif.

 

 

 

Pendant des années, les médias « catho-bobos » dans le vent, séduits et emballés par les nouveaux prophètes charismatiques, aveuglés par leur aura venue d’ailleurs et leur nouvelle religiosité psycho-spirituelle, les ont encensés et ont diffusé de partout leur nouvelle religion. La raison oubliée, tout comme chez les évêques atteints par la même innocence,  avait aussi fait passer à la trappe leur origine : « le renouveau charismatique dévoilé »

 

Ce fût donc un raz-de-marée… Tout bon catho dans le vent, se devait d’être « guéri » même s’il ne savait pas de quoi… Être catho, c’était et c’est encore être blessé. Les théoriciens de la nouvelle religiosité se chargeant de trouver les « blessures » et de les « guérir ». La machine était lancée à plein régime, alimentée en chèques et billets de banque. De tels génies ne travaillent pas pour rien… Et pour travailler, ils travaillaient…

 

Ces brillants « docteurs-es-blessures-et-guérisons » étaient inspirés par leurs lumineuses expériences « mystiques » dont nous vous proposons  quelques  bribes de haut vol dans « le bêtisier »

Sur cette base solide ils ont mis au point une traque infaillible des blessures dont nous vous conseillons quelques échantillons édifiants  dans « paroles assassines » 

 

A plein régime, l’élaboration continuait…Les nouveaux adeptes de la cause qui payaient fort cher, pour être guéris, étaient rassurés, le péché chez eux était absent. Ils étaient blessés. D’innocents « Enfant-Jésus » victimes des autres. Le  mal venait des parents, des ancêtres… D’affreux personnages dont les « accompagnateurs », mentors expérimentés, étaient là pour leur révéler l’hideux visage. Dans le but louable de leur ouvrir la porte du paradis promis.  

 

Devant l’afflux de « blessés », les courageux « docteurs-es-blessures-et-guérison» ont remis l’ouvrage sur le métier. Guérir ne suffisait pas…Il fallait « délivrer ». La chose était évidente, les adeptes devaient être libérés de leurs ancêtres suppôts du diable. Le prix du ciel passait par là. Un prix qui relançait une machine toujours gloutonne en billets de banque et chèques. On n’entre pas si facilement dans ce ciel….

 

Il faut d’abord passer par ce monde où le diable mène la danse… Il se dévoile, se dérobe…Un jeu de cache-cache avec ses amis, ces  apprentis-sorciers qui font des délivrances, s’acharnent à exorciser les « blessés » mais… Coucou ! Voilà l’animal qui file ailleurs… Et depuis, la musique enfle, le raz-de-marée prend de l’ampleur. Le diable s’amuse, il est partout. Les apprentis-sorciers le débusquent mais ne tiennent que la queue, il file, ils le suivent…Blessures, guérisons, délivrance, exorcismes… La mystification n’arrête pas.

 

Ne vous étonnez pas si, comme à cette messe de première communion d’enfants de huit ans, un « saint religieux » leur a fait une homélie sur … le diable !  Celui qu’il voit partout, celui qui ne le quitte plus, celui qui l’obsède… celui qui l’habite.

 

Surprenant, choquant ? Oui bien sûr, mais qui s’est étonné que dans cette religiosité psycho-spirituelle, on ne parle jamais d’amour ? Qu’on aille jusqu’à le détruire et le remplacer par la haine ? Que les parents, les autres, le prochain soientt ceux qui font du mal, qui blessent, ceux qu’il faut rejeter pour « guérir » ? Qui a accepté de voir les dégâts humains de ces pratiques ? Leurs lourdes pathologies générées par ces théories délirantes ?  Qui n’a pas fuit devant ce mal ? Qui a osé soutenir ceux qui le dénoncent ?

 

Les « dérapeutes », ces apprentis-sorciers qui voient le diable partout, qui le chassent autant qu’ils peuvent et toujours plus, sans y parvenir. S’enfermant de plus en plus dans cette traque sans fin, ne seraient-ils pas dans la fuite en avant d’une pathologie obsessionnelle ? Celle de la religiosité psycho-spirituelle ?  N’essaieraient-ils pas pour s’en libérer  d’exorciser le diable chez les autres ? Sans pouvoir s’en dépêtrer…

 

L’avenir le dira puisque de plus en plus de gens  se plongent béatement dans ce monde nouveau, celui du paradis perdu…  

  

 

Un livre intitulé L’Effusion de l’Esprit Saint, publié par la commission doctrinale de l’ICCRS en 2012 aux Éditions des Béatitudes, expose la théologie de l’effusion de l’Esprit telle qu’elle est comprise par le Renouveau Charismatique. Il est instructif d’analyser de près comment le raisonnement théologique est présenté, et les arguments mis en avant. Une confrontation avec la doctrine catholique permet de comprendre où se situe le dérapage.

Le RCC, héritier authentique du Concile Vatican II?

Les convictions de base

En 1987, des catholiques firent l’expérience, chez des Pentecôtistes, du baptême dans l’Esprit Saint, en référence à l’Écriture: le Renouveau charismatique était né. Coïncidence: le concile Vatican II venait de se terminer et le décret sur l’œcuménisme avait marqué les esprits. De plus Jean XXIII avait appelé pour le Concile «une nouvelle Pentecôte», pense-t-on.

Un pas de plus est fait dans la réflexion. L’expérience du baptême dans l’Esprit Saint est regardée par ses adeptes comme répondant au renouveau de la vie chrétienne voulue par Vatican II pour l’Église catholique. Et tout naturellement, ils ont pensé que le renouveau conciliaire passerait par une diffusion de cette grâce dans toute l’Église catholique.

Les catholiques qui ont reçu le baptême dans l’Esprit ont encore une autre certitude: «cette mouvance devait être accueillie par l’Église, sous la conduite du Pape et des évêques.» Ils considèrent que c’est la manifestation d’un «sens ecclésial fort».

Nous allons réfléchir sur ces convictions, à la lumière de la foi catholique: le baptême dans l’Esprit, l’œcuménisme, la nouvelle Pentecôte voulue par Jean XXIII, le renouveau conciliaire par le baptême dans l’Esprit, l’accueil du baptême dans l’Esprit par la hiérarchie catholique.

Critique de ces convictions

Le baptême dans l’Esprit

L’expérience du baptême dans l’Esprit fait par des catholiques, est en réalité la réception d’une pratique ayant cours dans une autre confession chrétienne, mais non reconnue par l’Église catholique. Quel est le sens du baptême pour les évangéliques pentecôtistes? «Les pentecôtistes croient dans le baptême d’eau par immersion en tant que signe extérieur d’un engagement public à marcher avec Jésus. Le baptême du Saint-Esprit est une expérience distincte que toute personne croyant en Jésus et repentant peut recevoir. Les pentecôtistes croient que le baptême du Saint-Esprit est toujours accompagné au départ par la manifestation extérieure du parler en langues par des lèvres balbutiantes.» Pour un pentecôtiste, le baptême dans l’Esprit peut être donné à des non pentecôtistes; il est indépendant du baptême d’eau.

L’œcuménisme voulu par Vatican II

Le décret de Vatican II sur l’œcuménisme reconnaît dans les pratiques des autres Églises l’existence de moyens de grâce: «Chez nos frères séparés s’accomplissent beaucoup d’actions sacrées de la religion chrétienne qui, de manières différentes selon la situation diverse de chaque Église ou communauté, peuvent certainement produire effectivement la vie de grâce, et l’on doit reconnaître qu’elles donnent accès à la communion du salut.[1]» Mais on y lit aussi que l’Église catholique est dotée de tous les moyens de grâce: «l’Église catholique a été dotée de la vérité révélée par Dieu ainsi que de tous les moyens de grâce.» Faut-il penser que le baptême dans l’Esprit est un moyen de grâce qui lui manquerait, pour que les catholiques aient besoin d’aller le chercher chez les pentecôtistes pour vivifier leur vie chrétienne et pour qu’il doive être adopté par toute l’Église? Pourtant on ne trouve nulle part dans le décret sur l’œcuménisme qu’il faille faire des emprunts au baptême dans l’Esprit des Pentecôtistes.

Une nouvelle Pentecôte?

Pour ce qui concerne Jean XIII, il est important de prendre acte qu’il n’a jamais appelé pour le Concile une nouvelle Pentecôte. En 1959, il avait prié en ces termes, lorsqu’il annonça un prochain Concile: «Seigneur Esprit Saint, renouvelez de nos jours vos merveilles, comme pour une nouvelle Pentecôte. Accordez à la sainte Église, que dans une prière unanime, insistante, et persévérante, avec Marie, la Mère de Jésus, sous la conduite de saint Pierre, s’étende le Royaume du divin Sauveur, royaume de vérité, de justice et de paix. Ainsi soit-il.»

Trois ans plus tard il dira, lors de l’ouverture du Concile qu’il compare au Cénacle: «Aujourd’hui l’Église, […] comme d’un second Cénacle, peut faire entendre par vous sa voix pleine de majesté et de gravité.» Et il définit ce qui sera le programme de Vatican II qui devra être le fruit du Cénacle. Jean XXIII envisageait donc le programme du Concile «comme» une nouvelle Pentecôte[2] dans le Concile qui était «comme» un nouveau Cénacle. Supprimer les «comme» dénature complètement la pensée de Jean XXIII. Ajoutons le Concile devait se traduire par un renouveau de toute l’Église pour qu’à travers elle le visage du Christ apparaisse plus clairement.[3] Ce renouveau — aggiornamento — comprend une dimension spirituelle. Le décret Perfectae caritatis parle de rénovation spirituelle. Mais tout cela n’est pas une nouvelle Pentecôte qui ferait nombre avec la première; il faut donc rester modeste dans l’utilisation de l’expression de Jean XXIII. Appuyer le recours à une nouvelle Pentecôte, comme les théologiens du Renouveau le font, sur les propos de Jean XXIII vient d’une mauvaise lecture des textes.

Absence d’un moyen de grâce dans l’Eglise catholique?

On lit dans Unitatis redintegratio, à propos des moyens de grâce, que «les membres de l’Église catholique n’en vivent pas avec toute la ferveur qui conviendrait. Il en résulte que le visage de l’Église resplendit moins aux yeux de nos frères séparés ainsi que du monde entier, et la croissance du Royaume de Dieu en est entravée.» Il n’est pas dit que pour une rénovation de la vie chrétienne, il faille chercher en dehors de l’Église catholique un moyen de grâce qui lui manquerait. C’est la conversion des chrétiens qui est en cause.

Accueil du Renouveau par la hiérarchie catholique

Comment un nouveau courant spirituel a-t-il l’audace de dire qu’il doit être accueilli par la hiérarchie catholique, et cela sans envisager aucune mise à l’épreuve? Comment prétendre avoir un discernement juste sur ce que doit faire l’Église? C’est un orgueil démesuré.

II. Justification théologique du baptême dans l’Esprit

Une réflexion sur l’effusion de l’Esprit a été commencée par les théologiens de l’ICCRS «à la lumière de la tradition catholique». Une véritable distorsion théologique a été faite pour justifier à tout prix le baptême dans l’Esprit et lui donner le label catholique.

La première question que j’ai examinée est celle de l’appellation utilisée: baptême dans l’Esprit, effusion de l’Esprit, nouvelle Pentecôte, Pentecôte personnelle, renouveau dans l’Esprit Saint.

Le baptême dans l’Esprit

Le baptême dans l’Esprit a, dit-on, «l’avantage de préserver les termes employés par Jean-Baptiste et Jésus lorsqu’ils parlent de l’accomplissement de l’œuvre de la rédemption opérée par le Saint-Esprit, en lien direct avec l’événement de la Pentecôte.»

Mais comment comprendre la parole de Jean-Baptiste: «Il vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu» (Mc 3,11)? Pour Matthieu, il est question du feu purificateur du jugement qui était annoncé par les prophètes, et auquel l’Esprit est lié. Ce lien entre l’Esprit Saint et le feu doit être replacé dans le contexte du langage biblique qui, déjà dans l’Ancien Testament, présentait le feu comme le moyen utilisé par Dieu pour purifier les consciences (cf. Is 1,25; 6,5-7; Za 13,9; Ml 3,2-3: Si 2,5, etc.). Cette purification est comparée à un baptême; ce mot évoque une immersion et exprime à quel point la purification atteindra profondément les hommes. C’est par la croix que s’opèrera cette purification; Jésus compare d’ailleurs la croix elle-même à un baptême qu’il doit recevoir: il sera immergé dans la souffrance et le feu de la Pentecôte en jaillira qui purifiera les hommes.

Les pentecôtistes donnent du baptême dans l’Esprit Saint une interprétation fondamentaliste, ce qui donne deux baptêmes, un dans l’eau et un dans l’Esprit. Cela gêne les charismatiques parce que le baptême dans l’Esprit apparaît plus grand que le baptême dans l’eau. Mais ils ne renoncent pas pour autant à l’expression, à cause de ce qu’ils vivent en commun avec les Pentecôtistes. Reste qu’un baptême dans l’Esprit accompagné d’une imposition des mains rappelle l’union baptême-confirmation des Pères de l’Église, mais sans dimension ecclésiale et sacramentelle, sans enracinement dans la liturgie. C’est une confirmation devenue simple dévotion subjective.

Le P. Kilian McDonnell OSB, qui a écrit un livre en collaboration, intitulé Christian Initiation and Baptism in the Holy Spirit (Initiation chrétienne et baptême dans l’Esprit-Saint)[4], trouve la présence d’un baptême dans l’Esprit dans la tradition patristique. «Il estime que dans les écrits des Pères de l’Église, on a la preuve de l’expérience du baptême dans l’Esprit Saint au cours du processus d’initiation chrétienne, de telle sorte que le baptême dans l’Esprit Saint appartient à ce qui est ‟constitutif de l’Église.[5]» En fait, l’expérience de l’Esprit que l’on trouve chez les Pères de l’Église est liée à la confirmation. Mais comme baptême-confirmation forment un tout indissoluble pour eux, il leur arrive de parler du baptême pour les dons de l’Esprit reçu par la chrismation.

L’effusion de l’Esprit

Une autre expression a donc été choisie qui, sans éliminer la première, tente de la corriger: l’effusion de l’Esprit.

Pour la commission doctrinale de l’ICCRS, l’effusion de l’Esprit «concerne le cœur de l’Évangile, les mission du Fils et de l’Esprit Saint reçues du Père», conformément aux affirmations du Credo. Et ils font appel à une homélie de Benoît XVI prononcée pour la solennité du baptême du Seigneur le 13 janvier 2008: Jésus est «celui qui est venu baptiser l’humanité dans l’Esprit Saint». Ils oublient le contexte liturgique de la citation: le baptême du Christ. Or l’onction du chrétien est rattachée au baptême du Christ qui reçut l’onction du Père au sortir de l’eau du Jourdain, après avoir été baptisé par Jean. A son tour le Christ nous oint, pour faire de nous des christs par l’onction. Christ est le mot grec qui traduit l’hébreu messie, oint. La chrismation suit le baptême et elle est suivie de l’imposition des mains: il y a un double rite. C’est alors que l’Esprit descend sur le baptisé comme il était descendu sur Jésus lors de son baptême dans le Jourdain. L’effusion de l’Esprit, c’est-à-dire le don de la Personne de l’Esprit, est liée à l’onction d’huile et à l’imposition des mains, mais elle a été préparée par le bain qui lave du péché.

Nouvelle Pentecôte

Nous lisons sous la plume des théologiens charismatiques: «par l’effusion de l’Esprit, la Pentecôte se fait présente et vivante dans son Eglise aujourd’hui.» C’est prétendre que l’effusion de l’Esprit est une nouvelle Pentecôte et cela en dehors de toute dimension liturgique, sans lien avec la liturgie céleste dont l’Église est comme le visage humain. Si la liturgie n’est plus regardée comme l’œuvre de l’Esprit de Jésus uni à l’Église qui se répand dans le monde, alors il faut une nouvelle Pentecôte pour que vienne l’Esprit à nouveaux frais: la source a disparu. L’effusion de l’Esprit qui, dans le vocabulaire catholique renvoie à la Personne de l’Esprit donnée par le Père et le Fils dans la liturgie, est vidée de son contenu. Elle est devenue une expérience subjective, sorte de para-confirmation, mais il ne s’agit pas d’une réelle effusion de l’Esprit. Or l‘effusion de l’Esprit, depuis les plus anciens témoignages des Pères, est liée non au baptême proprement dit, mais à la chrismation, à la confirmation, comme nous l’avons dit. Par ce sacrement, nous nous approprions personnellement aujourd’hui le don de l’Esprit, la Pentecôte[6].

L’effusion de l’Esprit des charismatiques n’est pas sacramentelle mais conduit aux sacrements: «même si dans un contexte non sacramentel nous faisons une nouvelle expérience de l’action de Dieu, elle prendra toute sa dimension dans les sacrements et la liturgie de l’Église.» Mais parler d’effusion de l’Esprit non sacramentelle qui serait une source conduisant aux sacrements est totalement erroné du point de vue de la foi de l’Église. C’est une ecclésiologie pentecôtiste qui est à l’arrière et non l’ecclésiologie catholique.

La méconnaissance totale de l’économie sacramentelle (CEC 1076) se vérifie encore au fait que pas une seule fois l’effusion quotidienne de l’Esprit dans l’eucharistie n’est mentionnée. Or c’est par elle principalement que se renouvelle la vie chrétienne. Il ne suffit pas de dire que ceux qui ont reçu l’effusion de l’Esprit ont une vie chrétienne renouvelée, en les opposant aux chrétiens qui restent en marge du Renouveau et ont une vie chrétienne plus tiède. Le raisonnement, en effet, peut s’inverser: on peut dire que bien des responsables du Renouveau, parmi les premiers à avoir reçu l’effusion de l’Esprit, ont commis des vols, des viols, des adultères, des mensonges, etc. et on mené une vie chrétienne qui n’a pas la profondeur de bien des chrétiens ordinaires…

L’Esprit Saint agit où il veut; il peut donc être à l’œuvre chez des catholiques qui ont reçu l’effusion de l’Esprit en toute bonne volonté, sans s’être posé la question du fondement théologique. Mais c’est une pierre d’attente: l’intégration de l’économie sacramentelle est la plénitude vers laquelle ils doivent tendre et non l’inverse. L’effusion de l’Esprit est pour toute l’Église, tous les chrétiens seront transformés par elle, mais à condition qu’elle prenne sa source dans l’eucharistie, et non par contamination des pratiques du Renouveau charismatique. Comment peut-on se permettre d’écrire: «L’Esprit Saint permet d’avoir la pensée du Christ, de penser et d’aimer comme lui et ainsi de réaliser les mêmes œuvres que lui. Ceci est en principe vrai pour tout baptisé dans le Christ, mais cette expérience se fait réalité pour ceux qui ont reçu l’effusion de l’Esprit.» Elle n’est pas réalité pour les chrétiens «ordinaires»? Quelle prétention de croire que l’expérience spirituelle est l’apanage des charismatiques! Hors du Renouveau, point d’expérience de Dieu authentique? La véritable Église serait-elle celle des chrétiens qui ont reçu l’effusion de l’Esprit?

Conclusion

L’effusion de l’Esprit des charismatiques apparaît comme un corps étranger à la tradition catholique qu’ils ont voulu y intégrer de force. L’incompatibilité fondamentale vient de la méconnaissance de l’économie sacramentelle; il est vrai, il faut bien le reconnaître, que de nombreux chrétiens l’ignorent et pas seulement par les théologiens de la commission doctrinale de l’ICCRS.

Il est louable d’avoir voulu répondre à l’appel du Concile Vatican II, mais il ne faudrait pas oublier que le décret sur l’œcuménisme ne peut pas se lire sans la constitution sur l’Église, Lumen gentium. La réflexion fondamentale de Vatican II porte d’abord sur l’ecclésiologie.

On peut ajouter qu’il est prétentieux de se croire envoyé de Dieu pour montrer son chemin à l’Église; de croire qu’hors du renouveau, la vie dans l’Esprit ne peut se développer pleinement.

 

Comme Babylone, le Renouveau tombera du haut de son orgueil.

 


[1] Unitatis redintegratio.

[2] Paul VI parlait d’une Pentecôte renouvelée (Regina Coeli du 11 mai 2008).

[3] Cf. le message des Pères conciliaires au monde, octobre 1962.

[4] Kilian McDonnell et George T. Montague, Christian Initiation and Baptism in the Holy Spirit: Evidence from the First Eight Centuries (Collegeville, MN: A Michael Glazier Book / The Liturgical Press, 1991, 2nd Revised Edition, 1994), 396 pp.

[5] Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, DEVENIR CHRÉTIEN: PERSPECTIVES TIRÉES DES ÉCRITURES  ET DES ÉCRITS PATRISTIQUES  Quelques réflexions actuelles. Rapport de la cinquième phase du Dialogue international entre des Églises et des responsables pentecôtistes classiques et l’Église catholique (1998-2006); http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_councils/chrstuni/eccl-comm-docs/rc_pc_chrstuni_doc_20060101_becoming-a-christian_fr.html

[6] http://perecyrille.net/node/788; voir Marie-Ancilla, L’Effusion de l’Esprit en Église, Ed. Bénédictines, 2013.

 

 

Les nouvelles communautés regroupent plusieurs états de vie – c’est-à-dire des « religieux » ou présentés tels et en habit, des couples avec ou sans enfants et des laïcs consacrés ou pas…Ces communautés se prétendent religieuses ce qui est une imposture puisque dans  la grande majorité, elles ne sont que des associations de laïcs.

Tout ce beau monde suit une règle rigoureuse de travail et de prière, qui se présente monastique,  sous vœu de pauvreté et d’obéissance à un « berger ». Sous caution de l’évêque du lieu.

 

Plusieurs questions se posent et pas des moindres :

I – La famille parentale

Une famille par définition est déjà une communauté. Le père et la mère sont par leur autorité parentale, responsables de leurs enfants.

Que devient cette autorité parentale puisqu’ils sont tous deux soumis à un vœu d’obéissance et de pauvreté  abusifs dans une association de laïcs ? Le « berger » a-t-il regard sur leur vie de couple ? Peut-il intervenir ? Cette vie de couple quelle est-elle dans une vie communautaire imposée ?

Comment peuvent-ils décider pour le bien de leur enfant alors qu’ils doivent tout soumettre à un berger et qu’ils n’ont aucune autonomie financière ? Ils travaillent à la communauté et à son seul profit puisqu’ils ne reçoivent pas de salaire

Qui décide pour l’enfant ? Les parents ou le « berger » ? De l’organisation de sa vie ? De ses besoins ? Puisque les parents  sont aussi soumis à un vœu abusif de pauvreté, qui paye lorsqu’il faut acheter de quoi pourvoir aux besoins des enfants (vêtements, chaussures, livres, etc.) ? Les parents suivent une vie de prière monacale, qui s’occupe des enfants à l’heure des offices ? Des nourrissons ? Des garderies ?

Plus tard, qui décidera de sa scolarisation et où ? De ses études ? De son avenir ? Qui payera ?

 

II – L’enfant

Est-il normal qu’un enfant grandisse dans une communauté religieuse ou ses parents n’ont pas de pouvoir de décision, pas d’argent ? De facto, où lui aussi est engagé ? Quelle intimité peut avoir un jeune dans un lieu où ses parents, même s’ils ont un appartement qui leur est dévolu, sont, à tout instant, disponibles pour la vie communautaire qui de facto est imposée à l’enfant.

Quelle vie relationnelle a-t-il avec d’autres enfants de son âge ?

Comment cet enfant peut-il être perçu par les autres enfants de sa classe ?

Quel regard porte un enfant sur ses parents soumis à l’autorité d’un « berger » ? Quelle image a-t-il sous les yeux, chaque jour, pour pouvoir  construire sa personnalité et acquérir une vraie autonomie ?

Quelle liberté de choix est la sienne dans une communauté où tous les actes du quotidien ont un sens religieux ? Une communauté qui n’est pas engagée dans la société, qui vit enfermée sur le groupe, quel impact cela a-t-il sur sa vie sociale ? Plus tard sur sa vie amoureuse, sa vie familiale ?

 

III – Les grands-parents, la fratrie, les membres de la famille, les amis …

Les parents sous emprise du berger, par le vœu d’obéissance abusif, sont-ils libres des relations familiales comme de leurs relations amicales ou autres, sans avoir à en référer au « berger » ? Ils n’exercent aucun métier à l’extérieur, ils travaillent au seul profit de la communauté. Qui payera leur retraite plus tard ? Quelle liberté ont-ils s’ils veulent quitter la communauté, sans argent et sans expérience professionnelle ?  Et en charge de famille ?

Comment inclut-on les grands-parents et les membres de la famille dans un lieu communautaire voué à la prière ? Comment peut se retrouver une famille dans ce cadre très formaté et rigide ? Quelle liberté ont les parents communautaires et leurs enfants, d’assister aux fêtes familiales des membres de leur famille : baptême, mariage, réunion familiales, etc. ? Qu’est ce qui est prioritaire : la vie familiale ou la communauté ? Lorsqu’ils hériteront des grands parents, où ira l’héritage puisqu’ils sont soumis au vœu abusif de pauvreté ?

On voit malheureusement que la plupart du temps, les liens familiaux sont distendus voire rompus… Selon les témoignages d’ex-communautaires, la coupure avec la famille se fait peu à peu puisque désormais, c’est la communauté qui la remplace. Une communauté qui phagocyte les parents mais aussi l’enfant coupé de son histoire familiale, de ses racines… Son seul repère sera la communauté dont il est un pion et ses parents les objets. L’enfant comme ses parents, sera formaté.

Ce vécu « monacal » régit par la loi de la communauté, coupé des liens sociaux normaux pour une famille (engagements, vie amicale, liberté de choisir le programme de sa journée avec les enfants, décider de leur vacances, etc.) n’est-ce pas du communautarisme ?

 

« Moi, Clara virée de l’Église »

Le titre de l’article paru dans le Golias Hebdo de la  semaine du 3 au 9 mai 2018. Nous ne le commenterons pas, il se suffit. C’est avec l’aimable autorisation de Golias que nous le publions.     

 

 

Cela devait arriver …

 

« Le pape dans l’enfer des raccourcis médiatiques »

https://fr.aleteia.org/2018/04/06/le-pape-francois-dans-lenfer-des-raccourcis-mediatiques/?utm_campaign=NL_fr&utm_source=daily_newsletter&utm_medium=mail&utm_content=NL_fr

 

Faut-il s’en étonner ? Le pape parle, parle, parle … Il semble que son premier souci soit d’occuper le terrain médiatique. On pourrait dire « d’être dans le vent ». C’est réussi. Sauf qu’à force de surfer sur la vague médiatique sans plus de réflexion,  il dit tout et son contraire. Comment voulez-vous vous y retrouver ? On ne peut s’étonner que le Pape vienne de se faire prendre à la confusion de son propre discours.

 

Il semble que désormais l’Église étant devenue celle du monde, le Pape ait fait appel à des communicants, certainement bon professionnels dans ce registre, mais qui en terme de foi ne connaissent pas grand-chose. On peut supposer que si leur but est de faire du Pape une vedette, ils n’ont pas été payés pour rien, c’est réussi. Mais est-ce le rôle du Pape dans une Eglise porteuse de tant de souffrances ? Secouée par des scandales qui sortent de partout, des scandales financiers, de mœurs et de pédophilie jusqu’au Vatican,  de dérives sectaires, de communautés scandaleuses.  Que de victimes !!! Délibérément écrasées pour ne pas gêner la communication flatteuse d’une Église « en marche » ? D’une façade, une image, qui se montre au service du monde, des immigrés, et de tous les malheureux de la planète. En paroles et en images en tous cas…

 

Des paroles, des discours, des images … Avec de plus en plus de « mousse » et d’enfumage pour camoufler les écuries d’Augias, rattrapées … Par les médias !   L’Église du monde, ne craint rien, elle est dans la toute puissance assurée par la banque du Vatican. Que valent les victimes sur la balance des marchands dans le temple ? Juste de quoi leur jeter de la poudre de perlimpinpin…

Voir La mystification de l’épiscopat

 

Le Pape parle mais n’entend pas. L’épiscopat parle autant mais est aussi sourd. La communication est au pilotage de la médiatisation. Les théologiens au placard. C’est l’ère de la religion « dans le vent », celle de la cacophonie, du supermarché du bien-être. Tous les verbeux du nombril se bousculent avec leurs dernières trouvailles de « développement personnel » – une pléthore ! – dont le premier bienfait est pour  leurs comptes en banque.

Dans ce cadre là, de saines lectures sont proposées :

« A la table du Pape » aux éditions Bayard      

https://e-bayard-jeunesse.com/a-la-table-du-pape-francois.html

 

 « Les histoires et les recettes du Pape François pour donner du goût à la vie. Peu de gens savent que le pape François est diplômé en chimie alimentaire et que la nourriture et la cuisine ont toujours tenu une place de choix dans sa vie. Ce livre propose quarante recettes simples et bonnes qui ont jalonné le parcours de Jorge Mario Bergoglio, de son enfance à Buenos Aires dans une famille d’immigrés italiens à sa mission de successeur de Pierre. Dans ce récit original, écrit par l’un de ses plus grands biographes à partir de rencontres, on découvre François sous un nouveau jour pour qui la nourriture est synonyme de partage, d’accueil et de joie. »

 

Si vous cherchez des nourritures spirituelles, allez voir les sources que sont les Pères de l’Église, les saints de toutes les époques et les grands mystiques. Les encycliques de nombreux papes font encore références pour garder le cap : l’Évangile du Christ qui nous dit en vérité  « Celui qui veut être mon disciple qu’il prenne sa Croix et qu’il me suive…». Nous pouvons comprendre lorsqu’on sait le poids d’amour, de joies mais aussi de souffrances d’une vie et sa valeur aux yeux de Dieu.  Restons dans la barque de Pierre, celle de l’Amour qui demeure à jamais. Ne nous laissons pas séduire par les lumières éphémères du Titanic, nous savons comment il finit …